A la Une

Mon Blog Défense

lundi 28 février 2011

Hibernation tardive

Le blog va connaître un certain ralentissement dans les prochains jours, et ce d'ici à la fin du mois de mars. De quoi se ressourcer en fin d'hiver pour repartir à fond au début du printemps.

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vendredi 25 février 2011

Citation de la semaine : Eric Delbecque et Gérard Pardini

La citation de la semaine est issue de l'ouvrage Les politiques d'intelligence économique (PUF, collection Que sais-je ?) d'Eric Delbecque (ancien directeur de l'IERSE, chef du département Sécurité économique de l'INHEJS, professeur à l'EGE) et Gérard Pardini (ancien dircab du préfet Bonnet, chef du département Risques et Crises de l'INHEJS).
Si les concurrents sont les cibles principales de la veille, certains acteurs de l'environnement global [...] peuvent devenir des enjeux de veille dans la mesure où ils exercent une influence (négative) sur le développement d'une entreprise : États, ONG, think tanks, associations...
J'ai mis en gras ce terme "négative" qui m'interpelle : oui la veille est souvent d'importance stratégique, mais je ne comprends pas cette propension des tenants de l'intelligence économique et de la guerre économique à n'envisager le tiers que comme un acteur néfaste pour ses propres intérêts. La veille se fait aussi dans un but positif, pour identifier des opportunités de nouveaux débouchés, de partenariats, d'ancrage social et sociétal, d'évolution règlementaire/législative, de politique industrielle plus favorable, d'amélioration du fonctionnement interne, de diffusion de valeurs permettant un meilleur développement...

Entre les extrêmes du monde des Bisounours et du jeu à somme nulle (où tout stakeholder est un joueur), la vérité est certainement plus nuancée.

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mercredi 23 février 2011

Guerres low cost : petit follow up à mon article sur le coût médiatique

Quelques évènements survenus depuis la fin mars 2010, période à laquelle j'ai écrit ma contribution "La maîtrise du coût médiatique de la guerre dans un contexte asymétrique" à l'ouvrage collectif de l'Alliance Géostratégique Les guerres low-cost, et que j'aurais bien mentionnés :
  • l' "affaire Wikileaks", avec la révélation depuis l'été dernier de milliers de câbles diplomatiques américains (Wikileaks est cependant évoqué dans mon article) ; qui a pour le moment eu un impact relativement limité sur l'opinion (lassitude oblige ?) au regard de ce que certains prédisaient, même si elle fait de façon quasi continue les choux gras des médias et de la blogosphère
  • les révolutions actuelles dans le monde arabe, même si elles n'ont que peu de rapport avec la guerre, de par la place qu'y joue, au-delà des Facebook et Twitter (confirmant le rôle de transmission rapide de l'info évoquée dans mon article), la chaîne qatarienne Al-Jazeera
  • l'article "The case for calling them nitwits" de la RAND Corporation, qui propose une approche visant à démythifier et démystifier de façon crue le visage des terroristes islamistes vis-à-vis de l'opinion (Guerre asymétrique : ne pas surestimer l'adversaire)

Reminder : le Café Stratégique consacré aux guerres low-cost a lieu demain soir à 19h au café Le Concorde, 239 bd Saint-Germain à Paris !


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lundi 21 février 2011

Projet SHAMROCK : du renseignement tout en finesse

SHAMROCK est probablement l'une des plus extravagantes initiatives de COMINT (Communications Intelligence, renseignement lié à l'interception des communications) de l'Histoire.


A partir de 1945, la NSA et sa devancière, l'AFSA (Armed Forces Security Agency), ont eu accès à l'ensemble des données télégraphiques entrant ou sortant (y compris celles en transit) des États-Unis. Quotidiennement, Western Union, ITT et RCA, trois opérateurs de communications, leur offraient un accès direct aux données sous forme de microfilm ou de copie papier.

Au plus fort de l'opération, à la fin des années 1960, 150 000 messages étaient analysés chaque mois par les agents de la NSA, mais également d'autres agences : CIA, FBI, Secret Service, Bureau des Narcotiques...

Le trafic global était estimé à cette période à 6 millions de télégrammes par mois : un message sur quarante faisait l'objet d'un compte-rendu !

Le Sénateur Frank Church, président de la commission du même nom, chargée en 1975 d'enquêter sur les abus éventuels des agences de renseignement américain, a dit de SHAMROCK qu'il était
Probably the largest government interception program affecting Americans ever undertaken.
Par la suite, les pouvoirs de la NSA ont été encadré et restreints, du moins en ce qui concerne les citoyens américains et jusqu'au Patriot Act.

Personnellement, au-delà de l'aspect "force brute" (au sens cryptoanalytique du terme) de l'approche, à l'opposé d'un renseignement intelligent et ciblé, c'est la collaboration plus ou moins "volontaire" des entreprises américaines que je retiens. Sachant que, notamment dans un contexte de compétition internationale, l'assistance ne se fait évidemment pas toujours dans ce sens. Et les USA sont d'autant moins réticents à ce mélange des genres qu'ils considèrent que cela permet souvent d'aplanir la situation, les étrangers ayant naturellement sur le terrain commercial recours à la corruption et autres formes de concurrence déloyale.

Aujourd'hui, l'essor des communications électroniques à démultiplié les volumes de messages et d'informations échangées (Web, email, FTP, P2P, téléphone...). Les capacités d'interception ont également évolué : intelligence artificielle des automates de reconnaissance et de traitement (utilisation de dictionnaire et de facultés sémantiques), puissance des processeurs...mais il n'est plus possible de tout suivre. Cet article n'est pas le lieu d'un exposé sur le sujet, mais l'explosion de la fibre optique rend plus difficile l'interception "discrète", car elle nécessite un accès physique au médium. De même le développement de la cryptographie civile et commerciale met des bâtons dans les roues des intercepteurs, notamment depuis la levée de l'interdiction des exportations américaines en 2000. Évidemment la NSA et ses semblables cachent leurs réelles capacités.

Et inutile de rappeler qu'ECHELON n'a pas empêché les attentats du 11/09 ni les bourbiers afghan et irakien. Bref, l'HUMINT et le travail de terrain ont encore de beaux jours devant eux, bien naturellement au sein d'une approche de renseignement transversale faisant un usage raisonnable de la technologie. Raisonnable, mais nécessairement intensif, au vu de l'importance prise par le cyberespace.

***

A lire pour s'initier au COMINT en général et à ECHELON en particulier, le rapport IC 2000 de Duncan Campbell réalisé pour le Parlement Européen, inquiet à l'époque de l'existence de cet espionnage électronique à grande échelle, révélé à la fin des années 1990. Bien qu'un peu ancien, le court ouvrage est très didactique et présente les différentes applications qui peuvent être faites de l'interception des communications. Il liste en particulier quelques contrats remportés par les industriels américains (Raytheon, Boeing, AT&T, Westinghouse...) grâce au COMINT, d'ailleurs souvent au détriment de concurrents français.

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samedi 19 février 2011

Trois ans de Mon Blog Défense

Lancé le 19 février 2008, Mon Blog Défense souffle donc aujourd'hui ses trois bougies ! Je ne pensais initialement pas tenir aussi longtemps en créant ce blog un peu sur un coup de tête.

crédits : tuxnet

607 messages (en comptant celui-ci) plus loin, il compte chaque jour près de 600 pages vues et 300 visiteurs uniques ; ce qui est certes modeste, mais dix fois plus que lors de sa première année, marquée par une absence d'ouverture vis-à-vis du reste de la blogosphère.

Je ne sais pas combien de temps encore cela durera, car je suis bien occupé par ailleurs (et pas uniquement du côté de l'Alliance Géostratégique, même si ses membres ont toujours plein d'idées pour remplir un emploi du temps ;-)), mais j'en profite pour remercier encore une fois tous mes lecteurs, réguliers ou occasionnels.

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vendredi 18 février 2011

Citation de la semaine : Michel Ching-long Lu, représentant de Taïwan en France

crédits : clae.lu

Je poursuis avec une citation également extraite du dernier numéro de la revue Géoéconomie (L'âge d'or de la diplomatie économique), issue d'un entretien avec le représentant (à défaut d'ambassadeur) de Taïwan en France, Michel Ching-long Lu :

Nous sommes heureux des changements que connaît la Chine continentale, bénéfiques pour nous. Cela étant, tant que la Chine manifeste comme principal objectif stratégique son intention de récupérer Taïwan, nous ne pourrons progresser sur la voie d'une relation sereine avec elle.
A lire sur mon blog :


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mercredi 16 février 2011

[Le B.A.-BA] : le brouillage

En lien avec le thème du mois de l'Alliance Géostratégique (Le renseignement), je republie un petit article introductif consacré au brouillage, datant d'avril 2009

***


Le brouillage, à quoi ça sert ?

Le brouillage est un élément important, à la fois offensif et défensif, de la guerre électronique. Il consiste à empêcher ou perturber les émissions électromagnétiques ennemies. Il existe quasiment depuis les débuts de l'utilisation humaine des ondes. Il vise les radars, des systèmes de navigation et de guidage, ainsi que les communications radio et la télédiffusion.

En général, il est un préambule à d'autres actions. Quelques exemples :

  • le brouillage de radars de DCA permet de dégager des couloirs pour les chasseurs bombardiers
  • le brouillage des autodirecteurs des missiles permet de protéger l'aéronef brouilleur (tous les avions militaires disposent aujourd'hui d'un système d'autoprotection miniaturisé et intégré) et ainsi d'améliorer sa pénétration et sa persistance
  • le brouillage d'obus qui les fait exploser avant qu'ils aient atteint leur cible les rend moins meurtriers, et est notamment utilisé pour protéger les fantassins sur le champ de bataille
  • le brouillage des émissions des satellites GPS perturbe la navigation des véhicules qui les utilisent
  • le brouillage de stations de télévision (son inaudible, images brouillées) a des visées politiques et psychologiques (propagande), et est souvent couplé à des actions d'infiltration
  • le brouillage est également autorisé dans un contexte civil, notamment dans les cinémas et théâtres, pour empêcher l'usage intempestifs des téléphones portables
On le voit ici, le brouillage peut intervenir dans un contexte tactique comme stratégique, voire dans un contexte de déstabilisation.

Le brouillage, comment ça marche ?

Rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de donner ici un cours d'électromagnétisme. Il y a basiquement deux types de brouillages, mais les deux sont du ressort de la guerre électronique "active" car ils impliquent des émissions électromagnétiques.

1 - Brouillage par bruit

Il s'agit tout simplement d'émettre un signal assez puissant en continu ("bruit blanc") qui va masquer les signaux utiles en les saturant. L'opérateur du radar brouillé obtiendra un signal inexploitable. Ce type de brouillage ne présuppose pas une connaissance fine des émissions que l'on souhaite perturber, mais il faut quand même que les fréquences émises soit calées sur celles attendues par les récepteurs que l'on souhaite aveugler.

2 - Brouillage par déception

Plus subtil que le brouillage par bruit, il consiste non pas à aveugler les récepteurs ennemis mais à insérer de fausses informations de façon indétectable aux signaux électromagnétiques. Ceci nécessite bien évidemment de connaître précisément les émissions que l'on attaque, afin d'y introduire de légères modifications. Ceci est possible soit parce qu'on le connaît par avance (suite à des opérations d'écoute par exemple), soit en utilisant de façon combinée un récepteur qui va capter le signal et un brouilleur qui va le re-émettre après l'avoir altéré.

Le brouilleur SLQ-32 de Raytheon qui équipe l'US Navy

Crédits : Raytheon

Quelques remarques pour terminer

  • l'opportunité de brouiller doit être étudiée à l'aune du fait que si elle est efficace, et qu'elle empêche effectivement les émissions ennemies, cela signifie potentiellement la perte d'une source d'information importante
  • une action de brouillage, parce qu'elle implique des émissions électromagnétiques, peut être dangereuse, car le brouilleur peut être détecté au moyen d'écoutes. Il faut donc veiller à garder un matériel à la page, et surtout éviter de brouiller inutilement (notamment trop tôt)
  • il n'y a pas d'absolue garantie qu'un brouillage assure une protection complète, même avec des moyens très supérieurs à l'adversaire. L'exemple du F-117 abattu par les Serbes pendant la guerre du Kosovo en est un exemple frappant
  • il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers et croire qu'une réussite se reproduira éternellement. L'ennemi s'adapte, même avec des faibles moyens : il change de fréquence d'écoute, il émet moins longtemps, il met en oeuvre lui aussi des actions de contre-information...
La destruction (au moyen de missiles, de LASER...) est un autre moyen d'interdire l'utilisation du spectre électromagnétique à l'ennemi. Je l'aborderai certainement dans un prochain article, de mêmes que les contremesures possibles face à un brouillage.

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lundi 14 février 2011

Café Stratégique n°5 sur les Guerres low-Cost : jeudi 24 février à 19h

Pour leur cinquième édition, les Cafés Stratégiques (CGS) reçoivent Stéphane Dossé, membre de l'Alliance Géostratégique, qui a dirigé la rédaction de l'ouvrage Les guerres low-cost. On me dit d'ailleurs que depuis trois semaines il ne se vend pas trop mal, ce qui est évidemment encourageant. Merci donc à nos lecteurs !


Le CGS aura lieu le jeudi 24 février au Café le Concorde, 239 bd Saint-Germain à Paris à partir de 19h. L'entrée est libre mais vous pouvez vous inscrire sur la page de Facebook de l'Alliance Géostratégique. Venez nombreux vous faire dédicacer l'ouvrage et discuter de gammes de la guerre, de privatisation, de réserve, de contrôle médiatique, de robotisation, de proxy wars et autres facteurs visant à réduire le(s) coût(s) de la guerre.

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vendredi 11 février 2011

Citation de la semaine : Hama Amadou, ancien premier ministre du Niger

crédits : RFI

J'inaugure une nouvelle rubrique du blog, qui existe par ailleurs chez certains de mes confrères blogueurs. Je commence avec Hama Amadou, ancien premier ministre du Niger, arrivé troisième lors du premier tour de l'élection présidentielle du 31 janvier dernier.


La citation est extraite d'un entretien accordé à la revue Géoéconomie dans son numéro de l'hiver 2010-2011 (L'âge d'or de la diplomatie économique), réalisé fin 2010 :

Prenons l'exemple des infrastructures en énergie, qui manquent cruellement à l'Afrique pour développer son économie alors qu'elle possède toutes les ressources nécessaires, comme l'uranium au Niger. Depuis quarante ans, la France exploite notre uranium et maîtrise cette technologie mieux que quiconque dans le monde, mais elle n'a pas su en faire bénéficier le Niger et les pays frontaliers, alors qu'elle aurait énormément à y gagner, surtout dans ce contexte avec l'arrivée de concurrents étrangers plus coopératifs sur ces sujets.

Plusieurs fois dans l'entretien revient cette allusion à la Chine, qui se pose depuis un certain temps déjà comme une alternative aux anciens colonisateurs et plus largement aux Occidentaux en Afrique.

Voir à ce sujet mon article La Chine, une puissance néocoloniale en Afrique subsaharienne ? (mai 2010)

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mercredi 9 février 2011

Russie, alliance vitale du général (2s) Jean-Bernard Pinatel

J'ai eu l'opportunité de lire Russie, alliance vitale (Choiseul Editions, en vente à partir du 18 février) du général Pinatel, personnalité reconnue au sein de la communauté française de l'intelligence économique.


Malgré le titre, les personnages principaux de l'opus ne sont ni la Russie, ni la France, ni l'Union Européenne. Car l' "alliance vitale" dont il est question est bien la conclusion de l'analyse, plus que son fil conducteur.

En effet, il s'agit de la seule issue envisagée par le général Pinatel pour éviter que nous (Français, Européens, Russes) ne soyons marginalisés sur la scène mondiale, face à l'impérialisme chinois, la "menace islamique" (sic) et surtout l'appétit du "complexe militaro-industriel américain" (expression qui doit être la plus fréquente de l'ouvrage, et bien évidemment la célèbre tirade d'Eisenhower est citée), qui détermine (quasiment) à lui seul la politique étrangère américaine.

Oui, ce sont bien la Chine et les États-Unis et leur duopole en formation, rejetant l'idée d'autres puissances de même niveau, qui se trouvent au coeur de l'ouvrage. Le pays d'Obama (et de Clinton, Bush Sr et Jr...), poussé par ses industriels de la défense, entretient la diabolisation de l'Iran, entraîne les Européens, au travers de l'OTAN obsolète, dans une "croisade antirusse", s'embourbe en Irak et en Afghanistan en attisant le fameux "choc des civilisations", place son cheval de Troie turc dans la construction européenne, est incapable de - ou ne souhaite pas - résoudre le conflit israélo palestinien ; tout en mettant en place une relation d' "adversaire-partenaire" avec l'Empire du Milieu, successeur de l'URSS dans cette partition à deux, seule configuration qui permettrait aux USA l'expression de leur pleine puissance.

Si le raisonnement de Jean-Bernard Pinatel a le mérite d'aller à contre-courant de la pensée dominante sous nos latitudes (la Russie est infréquentable, le grand-frère américain est le gendarme naturel du monde), en mettant en exergue les sujets de convergence euro-russes (culture, économie, sécurité, situation au Moyen-Orient, en Afghanistan) il faut néanmoins relever quelques imprécisions et lacunes :

  • Les failles introduites délibérément dans les logiciels sont les "backdoors" et non "black doors" (p71)

  • Les "années Clinton" ne commencent pas en 2004 (graphique p66)

  • Le terme "islamique" est utilisé assez souvent de façon interchangeable avec "islamiste", notamment quand il s'agit de l'associer à "menace"

  • Plus fondamentalement, l'auteur met en avant l'objectif des stratèges américains d'empêcher une alliance stratégique russo-européenne sur le "Heartland" mackinderien, qui cantonnerait les USA au "Rimland". Il oublie juste de préciser que ce type d'analyse géopolitique constitue plutôt le coeur du néo-eurasisme, qui connaît une influence certaine à Moscou. De fait, le général Pinatel fait sienne cette vision traditionnelle, puisque le pôle euro-russe aurait justement pour fonction de tenir le Heartland, à côté des autres pôles dominant le monde : États-Unis, Chine et Amérique Latine

  • Jean-Bernard Pinatel n'est pas très clair en ce qui concerne l'identité de l' "allié" à mettre en face de la Russie : il parle de l' "Europe" (il faut apparemment comprendre "Union Européenne) mais aussi, à d'autres endroits... de la France. Peut-être parce que l'UE en tant qu'entité politique douée d'une volonté propre sur la scène mondiale n'est pas très crédible, malgré certains progrès dus aux dernières modifications institutionnelles (et même si Catherine Ashton n'est pas 100% convaincante)

  • De même, mais ce n'était pas là, de toute évidence, l'intention première de l'ouvrage, n'est pas traitée la question de la volonté qui existe de part et d'autre vis-à-vis de l'établissement d'une telle alliance. On se rappelle que pour certains, ce n'est certainement pas dans l'intérêt russe qu'une réelle union politique émerge de l'Europe des 27, pour une question de sphère d'influence. Ainsi dans La Russie menace-t-elle l'Occident ?, Jean-Sylvestre Mongrenier explique que Moscou s'escrime à établir des liens bilatéraux, notamment avec la France, l'Allemagne et l'Italie (principalement autour de l'énergie et de la défense), pour diviser politiquement les membres de l'UE.

  • En conséquence, on a du mal à voir concrètement ce que seraient les termes d'une telle alliance. Car le livre met finalement plus l'accent sur la nécessité d'une plus grande implication russe dans les dossiers internationaux (conflit israélo-palestinien, Afghanistan...) préemptés par les États-Unis, dont l'approche mène, selon Jean-Bernard Pinatel, le monde à la catastrophe (double : sortie de l'Europe de l'histoire et choc des civilisations). Il ne dit pas (autrement que par quelques points communs : par exemple sur le dossier afghan, une expérience partagée euro-russe de la rusticité - au contraire des Américains prisonniers de l'hyper-technologisation de leur armée - ou même la présence d'importantes minorités musulmanes sur leur sol) en quoi un tandem conduit par l'Europe (quel numéro de téléphone ?) et la Russie serait plus efficace, ni d'ailleurs comment il fonctionnerait.
En conclusion, cet ouvrage, pour toucher son but, aurait besoin d'un deuxième tome, qui s'attacherait moins aux Etats-Unis et à la Chine, et plus à la description concrète de ce que serait réellement, avec ses atouts mais aussi incontournables lacunes, une alliance entre l'Europe (quelle Europe ?) et la Russie. En l'état, on a parfois l'impression que cette alliance doit se faire plutôt par défaut pour des raisons négatives (l'incurie américaine) que pour des raisons positives pour les deux parties.

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lundi 7 février 2011

Les guerres low cost en vidéo

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samedi 5 février 2011

Thème de février d'AGS : le renseignement

Après un mois de janvier un peu freestyle et marqué, outre la publication des Guerres low-cost, par quelques soucis d'ordre technique sur le site, AGS entame le mois de février avec un nouveau thème, le renseignement.


Comme disait ce bon vieux Sun Zi

Une armée sans agents secrets est exactement comme un homme sans yeux ni oreilles



Il sera donc question, entre autres, d'espionnage, de technologie, de "guerre économique", de contrôle parlementaire, d'intoxication, de littérature, de cinéma, de sécurité de l'information, d'OSINT, HUMINT, SIGINT, de CIA, DGSE, DCRI, MI5 - MI6 et consorts, d'actions clandestines...

Envoyez vos contributions (document Word/OpenOffice) à l’adresse alliancegeostrategique@gmail.com . Nous vous tiendrons informés de leur date de publication.

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vendredi 4 février 2011

C'est ce soir à 20h ! Projection-débat sur le documentaire Bassidji


En présence du réalisateur Mehran Tamadon et de Vincent Eiffling, chercheur et animateur de Chroniques Persanes.

Tarifs :

- Plein tarif : 7 €
- Tarif réduit : 5,50 € (chômeurs, carte vermeil, étudiants)

Cinéma La Clef 34 rue Daubenton 75005 Paris – Station « Censier-Daubenton » (ligne 7), sortie « Rue Daubenton ».

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mercredi 2 février 2011

La guéguerre du général Desportes

C'est un fait, Vincent Desportes est un agitateur d'idées dans la sphère stratégique française. Ce fut d'ailleurs pour cela qu'il fut le premier invité des Cafés Stratégiques de l'Alliance Géostratégique (voir le compte-rendu du café sur la pensée stratégique française du 7 octobre 2010).



L'allié Mars Attaque rend compte d'un article du général (2s) publié dans le Figaro, intitulé Ne craignons plus le terme "guerre". Disons-le tout de suite, il est évident qu'en France et en Europe on a eu tendance à évacuer le terme "guerre" depuis belle lurette, notamment grâce (car c'est bien sûr une bénédiction) à l'absence de conflit armé sur notre sol (mais pas à nos portes) depuis des décennies.

C'est l'un des points que je développe dans ma contribution à l'ouvrage Les guerres low-cost : il faut cependant arrêter de se cacher derrière son petit doigt et appeler un chat un chat. Oui, le conflit en Afghanistan est bien une guerre : la France est donc bien en guerre, même s'il s'agit d'une guerre limitée. Nous ne pouvons pas nous bercer d'illusions kantiennes, sous peine, comme certains l'affirment déjà (j'y reviendrai très prochainement), de sortir de l'Histoire. Il est par ailleurs évident que le soft power pur que semble privilégier l'UE ne sera pas suffisant face aux défis du XXIème siècle, alors que d'autres, comme la plus qu'émergente Chine promeuvent la guerre hors limites et la montée en puissance "dans toutes les directions stratégiques". Bref, la "pause stratégique", pour reprendre l'expression de Michel Goya dans Res Militaris, De l'emploi des forces armées au XXIème siècle (un ouvrage incontournable) est néfaste.

Cependant il me semble que faire de la guerre un prisme de lecture omniprésent (pour reprendre les mots du général : " "guerre contre le terrorisme", où la dissymétrie peine contre l'asymétrie; "guerre économique", utilisant l'arme de la monnaie pour conquérir de nouveaux marchés, usant de l'espionnage industriel organisé par les États ou les grands groupes, faisant du commerce international un véritable "combat"; "cyberguerre" désorganisant les marchés financiers ou perçant les secrets de défense les mieux gardés; "guerre de l'information" pour manipuler la psychologie des marchés et des foules; "guerres virtuelles", univers des adolescents accrochés à leurs consoles; "guerres des banlieues", avec de véritables embuscades militaires "), une grille d'analyse incontournable, revient à tomber dans l'excès inverse.

Tout phénomène économique, concurrentiel, social, criminel ou délictuel n'est pas du ressort de la guerre. Un tel amalgame a à mon sens trois effets contre-productifs :
  • il transforme la recherche de compétitivité, de sécurité ou de bien-être en posture paranoïaque ou l'autre est toujours un ennemi -mortel- potentiel
  • il galvaude plus qu'il ne "réhabilite" le terme de guerre, ce qui fait manquer son but à la tribune de Desportes
  • plus important, le nivellement qu'il introduit empêche, ou du moins ne facilite pas, l'établissement d'une stratégique exhaustive mais rationnelle
Attention, si une vision du monde actuel comme un jeu à somme nulle est bien sûr simpliste, cela ne signifie pas pour autant que toutes les issues, pour continuer dans la théorie des jeux, soient toujours positives pour l'ensemble des parties prenantes, du simple fait que la plupart des joueurs essaient d'établir leurs propres règles, qui deviennent un enjeu fort des relations internationales, et un facteur de montée des tensions, entre "blocs" antagonistes. Pour parler plus simplement, non l'histoire n'est pas finie, non il n'est pas dit que la guerre limitée soit le modèle prédominant à moyen ou long terme. L'accès aux ressources, la recherche de débouchés, que l'on le veuille ou non, nécessitent dans un monde changeant et fini une certaine dose de hard power, et la volonté sans faille de s'en servie si besoin impérieux (que l'on espère pas voir venir) s'en fait sentir.

Bref, la guerre pour l'économie, que je distingue de la "guerre économique", notion beaucoup plus vague, n'a certainement pas dit son dernier mot (lire à ce propos De Hong Kong au Pirée, de la guerre pour l'économie à la guerre économique ?). Et contrairement à ce que professent les tenants de la géoéconomie, la fin des conflits territoriaux n'est pas acquise.

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