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lundi 30 novembre 2009

Les vecteurs de la dissuasion nucléaire : missiles balistiques et de croisière

Thème du mois de l'Alliance Géostratégique oblige, je reprends en le modifiant légèrement (merci à Toucan) un article, écrit il y a quelques mois, introduisant les différences entre missiles balistiques et de croisière, qui sont les principaux vecteurs de la dissuasion nucléaire.

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Tout d'abord, définissons ce qu'est un missile. Il s'agit d'un projectile doté de trois éléments :
  • une enveloppe renferment du carburant ou des ergols (solides ou liquides) afin d'alimenter respectivement un ou plusieurs turboréacteurs ou moteurs-fusées (véhicule monoétage ou multiétage)
  • un système de guidage (laser, radio, infrarouge, vidéo, fil, gyroscopes...)
  • une charge (explosive ou non), qui constitue la raison d'être du missile

Missile balistique

Un missile balistique, c'est quoi ? Tout simplement un missile dont une partie de la trajectoire est balistique. Nous voilà bien avancés...surtout pour ceux qui n'ont pas suivi une série scientifique au lycée. Un corps suit une trajectoire balistique si les seules forces auxquelles il est soumis sont son poids (du fait de la gravité) et la résistance du fluide dans lequel il se trouve (donc ici les frottements de l'air, parallèles à sa trajectoire).

Un tel missile peut être lancé depuis une plateforme maritime (sous-marin, navire) ou terrestre (en surface,depuis un silo, un véhicule, etc.). La première phase du vol d'un missile balistique, la propulsion, ne l'est pas (balistique). Le carburant (qui nécessite également un comburant, l'oxygène, donc ne fonctionne que dans les limites atmosphériques) ou le propergol (cas des moteurs-fusées, qui embarquent leur comburant), solide ou liquide, est consommé et permet au missile d'atteindre rapidement une grande vitesse. Une fois cette courte étape réalisée, le missile entre en vol balistique, et va monter à une altitude très élevée : en général extra atmosphérique, c'est-à-dire plus de 100 km, sauf pour les missiles balistiques à faible portée. Cette phase est la plus longue du vol, et peut durer plusieurs milliers de kilomètres pour les missiles intercontinentaux. Enfin, la dernière phase du vol est la rentrée dans l'atmosphère, où le missile va subir de forts frottements, et la chute sur la cible. La durée de cette phase est de l'ordre de grandeur de celle de propulsion. Un missile balistique va donc avoir une trajectoire en cloche.

Corollaire important : si en phase balistique le missile n'est soumis qu'à des forces externes (gravité, friction), il est donc impossible de modifier sa trajectoire au-delà de la phase de propulsion.

J'en ai déjà un peu parlé, les missiles balistiques vont du tactique SRBM (soutien à l'artillerie sur un théâtre d'opérations, avec une portée de quelques centaines de kilomètres) aux fameux intercontinentaux ICBM (qui parcourent des milliers de kilomètres), généralement dotés d'une charge nucléaire, relevant à ce titre des forces stratégiques de dissuasion. Il faut noter que la technologie utilisée pour un ICBM est du même type que celle des lanceurs spatiaux, comportant ainsi plusieurs étages.

Le premier des missiles balistiques fut le V2 allemand, également "prototype" des futurs lanceurs spatiaux. Aujourd'hui de nombreux pays en possèdent, notamment l'Iran avec son Shahab-3 ou la Corée du Nord avec son Taepodong, sans oublier la France et ses Pluton, Hadès (tactiques) et M-41/M-51 (équipant les SNLE). La famille des SS-9/SS-18 russes peut avoir une portée de 16 000 km.


Un ICBM SS-18 en phase de propulsion
crédits : Kosmotras


Missile de croisière

Contrairement à un missile balistique, un missile de croisière n'a pas une trajectoire en cloche et va effectuer la totalité de son vol à une altitude relativement basse, par le biais de son système de propulsion actif pendant tout ce vol mais aussi à la portance. Celle-ci est la force perpendiculaire (donc vers le haut pour un déplacement horizontal) au mouvement d'un mobile placé dans un fluide, qui fait par exemple que les avions volent grâce à leurs ailes.

Le système de propulsion d'un missile de croisière est en général composé d'un moteur à réaction. Après son lancement, depuis la terre (infrastructure fixe ou véhicule), un navire, un sous-marin, un aéronef, le missile est autonome, se dirigeant de façon inertielle et/ou au moyen d'autres capteurs (GPS, TERCOM - topographie...). Attention cependant, malgré son intelligence, le missile de croisière n'est pas un drone (UAV), car le véhicule est intégré à la munition, et donc sacrifié à chaque mission.

Il existe des missiles de portées et de vitesses différentes (subsoniques ou supersoniques). Ils peuvent être équipés d'une charge conventionnelle ou nucléaire (en général pour la composante aéroportée de la dissuasion). C'est notamment le cas de l'ASMP (Air Sol Moyenne Portée) de l'armée française (Super Étendard, Mirage 2000 N et bientôt Rafale). Tout comme pour les missiles balistiques, les Allemands sont à l'origine des missiles de croisière, puisque le V-1, malgré sa rusticité, en est le véritable précurseur.


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