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vendredi 23 octobre 2009

La shareholder value a encore de beaux jours devant elle...

Dans son billet Comparaison n'est pas raison, Olivier Kempf compare les situations du public et du privé quant à la focalisation et aux objectifs poursuivis par les décideurs, en soulignant que dans la sphère publique, le politique est finalement peu engagé sur le résultat en lui-même, mais s'investit énormément dans le "quotidien". Dans un système institutionnel comme le nôtre, où les élections sont un exercice de persuasion plus que de conviction, ce n'est pas extrêmement surprenant. D'autant que la place prise par l'image est extrêmement importante. La réalité compte finalement peu, c'est plutôt la perception immédiate que les électeurs en ont qui compte. D'où l'importance du symbole, qu'il soit ouvrier à Gandrange, victime d'un tueur multirécidiviste ou membre de l' "ultra-gauche". Ah, si chaque ministre devait à intervalle régulier venir devant les Français lire mot pour mot les rapports bien chiffrés de la Cour des Comptes ayant trait aux mesures qu'il a fait adopter...

Dans le privé, c'est en effet un peu différent, et ce pour une raison assez simple. La maximisation de la shareholder value (valeur pour l'actionnaire, donc le fait d'avoir une action qui monte et des dividendes à verser) est l'objectif ultime des dirigeants d'une entreprise, cela passant pour ces derniers par une focalisation sur le chiffre d'affaires mais surtout sur la rentabilité des capitaux. D'où le rêve qu'on fait et que font toujours certains d'une entreprise débarrassée de ses capitaux propres, notamment ses usines. Cela est vrai depuis quelques décennies, avec la victoire remportée sur la notion de stakeholder value, qui elle prend en compte l'ensemble des parties prenantes de l'écosystème de l'entreprise : employés, société, environnement...peu de place pour les sentiments donc, même si certains dirigeants savent influencer voire manipuler leur conseil d'administration (avec la complicité éventuelle de ce dernier, ce qui peut très bien arriver dans un système très "incestueux" comme celui du CAC40, où le dirigeant d'une entreprise est souvent administrateur de quelques autres...).

D'où finalement une prépondérance quasi exclusive des ratios financiers, le plus fameux étant le ROCE. Attention, je ne dis pas que l'image n'est pas importante pour une entreprise. Elle l'est vis-à-vis des prescripteurs et clients éventuels, qui influent sur le chiffre d'affaires, ou même des marchés financiers, qui peuvent avoir une réaction "irrationnelle" face à un évènement jugé négatif.

Pour sortir de la crise actuelle, on nous a promis une moralisation du capitalisme, et en parallèle le thème du développement durable, respectueux de l'environnement, a particulièrement le vent en poupe, au moins dans les médias. D'ailleurs, ne nous a-t-on pas également vanté la nécessité de sortir de la religion de la croissance du PIB comme indicateur de performance quasi unique ?

Sans être trop pessimiste, on peut observer que la plupart des acteurs s'empressent de prendre des mesures permettant finalement de sauvegarder le système actuel, pour le meilleur ou pour le pire...on verra bien lors de la prochaine crise "systémique".

En attendant, il faudrait peut-être introduire un peu plus d' "objectivité" dans l'évaluation des politiques, et de "subjectivité" dans celle des dirigeants d'entreprise...

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