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mardi 13 octobre 2009

Innovation ne rime pas avec improvisation

L'Histoire humaine regorge d'exemples d'avancées majeures réalisées par des personnes isolées ayant réussi à innover dans leur domaine en totale indépendance ou contre vents et marées.

Cependant, comment une entité donnée, qu'il s'agisse d'un état, d'une entreprise ou d'une organisation quelconque peut-elle faire pour promouvoir activement l'innovation en son sein ? A priori une bonne idée peut surgir de n'importe où, et pas seulement d'un département R&D ou du cerveau d'un éminent théoricien. Mais il est illusoire de penser qu'il suffit d'avoir une idée originale pour que cela conduise in fine à une innovation ayant un réel impact.

Innover, c'est produire un concept, un produit, une méthode ou une technologie nouvelle, qui peut procurer une avancée ou un avantage concurrentiel. C'est faire une lapalissade de dire qu'aujourd'hui, au vu de la globalisation et de la complexité du monde, les pressions externes rendent non seulement nécessaires l'innovation, mais imposent qu'elle se fasse à une cadence (un "time-to-market") effrénée.

Si une innovation s'appuie originellement sur la créativité individuelle, il est souvent difficile de la concrétiser, i.e. de passer d'une idée brute (issue de l'imagination, de la théorie ou de l'expérience) à un "produit" fini, diffusé et approprié par ses destinataires (qu'ils soient clients, partenaires, concitoyens ou gouvernants...). Le syndrome du visionnaire qui crie dans le désert (l'inertie des grandes structures n'aidant pas) ou au contraire celui des initiatives lancées à tout va sans évaluation de leur pertinence sont bien présents.

Ceci est dû à une multitude de facteurs :
  • la difficulté à formaliser clairement l'idée initiale
  • l'incapacité à analyser l'apport qu'elle représente
  • des coûts de développement trop élevés ou des impossibilités d'ordre technique
  • bien sûr, l'inadéquation de l'innovation souhaitée à la réalité (que l'on parle du théâtre des opérations ou d'un marché économique par exemple), contredisant ses apports supposés
  • tout aussi important, des blocages hiérarchiques, organisationnels ou institutionnels faisant effet de chape de plomb
  • le manque de disponibilité et/ou d'incitation des acteurs supposés innover, trop accaparés par leurs tâches quotidiennes
  • une visibilité limitée empêchant la capture, l'échange et la diffusion des idées
Il est évident qu'il n'existe aucune formule miracle et que l'essentiel réside dans le cerveau de chacune des personnes composant l'entité considérée. Pour autant, celle-ci (et donc ses membres) se doit de créer un environnement propice à l'innovation. L'un des enjeux est d'arriver à "faire prendre la mayonnaise" quand une bonne idée est émise, afin de la qualifier, de l'enrichir, de l'éprouver pour ensuite la développer concrètement.

Ce qui figure ci-dessous s'applique principalement au cas de l'innovation technologique/méthode en entreprise, mais certains principes sont également valables dans d'autres contextes.

Sans surprise, mais peut-être paradoxalement, cela passe par quelques incontournables formels :
  • la définition d'une stratégie claire et partagée d'innovation, en lien avec la compréhension de l'écosystème et du fonctionnement interne de l'entité (bien évidemment, en alignement avec la stratégie globale de l'entité)
  • le choix d'une orientation principale et de l'organisation sous-jacente : technologie (avec pour objectif des ruptures technologiques), client (principalement à l'initiative du marketing) ou mixte, voire totalement opportuniste (à réserver aux petites structures)
  • la mise en oeuvre d'un processus d'innovation structuré, afin de faciliter le partage et la diffusion de l'innovation, et liant les phases d'invention, de développement et de mise sur le marché (interne ou externe)
  • la construction d'outils quantitatifs (VAN, TRI, payback, options réelles...) et qualitatifs (revues de pairs, cartographie du portefeuille d'innovation...) de mesure
  • la sensibilisation de tous à l'importance de l'innovation, au-delà des activités quotidiennes, et la définition de moyens alloués à l'innovation
  • l'incitation à structurer des réseaux d'échange, horizontaux (pairs) et verticaux ("clients" et "fournisseurs" internes)
Pour tout cela il y a également un prérequis, la compréhension de quelques mécanismes et éléments de base liés à l'innovation :
  • l'interrelation entre les différentes parties prenantes et interlocuteurs potentiels : recherche publique, clients, concurrents / fournisseurs / entreprises complémentaires, Etat et autres instances de régulation, opinion publique, individus...
  • les types d'opportunités portés par les différentes innovations : innovation incrémentale ou radicale, produit ou procédé, architecturale ou de composant...
  • la notion de timing de l'innovation : quels avantages et inconvénients à être un pionnier, un suiveur précoce ou plutôt tardif ?
  • la dynamique d'émergence et l'importance des standards (officiels ou de facto), que j'avais déjà évoquées ici
  • l'anticipation des cycles de vie des technologies, supports et moyens de l'innovation

Bien évidemment il faut que la souplesse et l'agilité aient leur place, car innovation et carcan font rarement bon ménage.

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