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lundi 31 août 2009

[Le B.A.-BA] : Efficacité et efficience

Quittons un peu la sphère technologique. On voit souvent les deux termes "efficacité" et "efficience" utilisés de façon plus ou moins interchangeables dans les médias ou sortant de la bouche des hommes et femmes politiques.

Pour autant ils ne sont pas synonymes. Et surtout, ils n'ont pas le même niveau d'importance ou de priorité.

Efficacité

L'efficacité indique le niveau d'atteinte d'un objectif. Pour cela, il faut bien sûr deux préalables indispensables :
  • que l'objectif ait été défini
  • que l'on soit capable de mesurer son atteinte
Ainsi donc l'efficacité n'est pas absolue mais relative à un ou des buts que l'on s'est fixés. La définition des objectifs doit se faire de façon cohérente aux différents niveaux (politique, stratégique, opérationnel, tactique) et selon les différentes composantes. La question de la mesure "objective" est souvent problématique : parfois le binarisme est possible (Est-ce que j'ai gagné la guerre grâce à la stratégie mise en œuvre ? Est-ce que le raid aérien a permis la destruction de l'usine d'armement ?), parfois il faut recourir à des indicateurs plus élaborés. Et souvent, il est difficile de quantifier de façon absolue... d'autant que la subjectivité rentre en ligne de compte, tout autant que la variation des horizons temporels.

Évidemment, une action peut avoir été efficace, mais globalement inutile ou contre-productive. Mais ceci est une autre histoire, qui a trait à la pertinence de la définition des objectifs et de l'alignement stratégique...

Efficience

L'efficience est, il me semble, un néologisme d'inspiration anglo-saxonne ("efficiency"), voire pour certains un barbarisme, qui désigne, dans l'atteinte des objectifs, le degré d'optimisation des moyens employés. En effet, pour un même niveau d'efficacité, on peut avoir été plus ou moins économe en moyens. Souvent, in fine, ces moyens sont d'ordre financiers. Et il est logique que l'on se préoccupe de faire aussi bien ou même mieux avec moins, pour autant que cela soit possible. L'efficience permet, au-delà des aspects budgétaires, d'allouer à chaque activité les moyens technologiques, matériels et humains qui lui sont strictement nécessaires, et de réaffecter l'excédent plus agilement à d'autres tâches.

Un exemple classique est le fait de vouloir éviter l'overkill, ou plus généralement l'effet "marteau-pilon pour écraser une mouche". On en entend également parler pour tout ce qui touche au fonctions de soutien et de logistique, notamment dans le cadre des RGPP et du débat sur la privatisation d'une partie des activités assurées aujourd'hui par des militaires et fonctionnaires.

Ainsi schématiquement efficience = efficacité / {moyens mis en oeuvre}

Et là je dis attention.

Même si la formule ci-dessus n'est pas purement mathématique, il est entendu que pour faire croître un ratio, on peut soit augmenter le numérateur, soit diminuer le dénominateur.
  • Quand on est dans un contexte purement financier (i.e. dans lequel les indicateurs sont tous in fine traduits en argent sonnant et trébuchant), comme pour simplifier celui de l'entreprise privée, on peut à la rigueur considérer les deux approches comme relativement équivalentes. De même, pour préserver l'efficience (et la rentabilité) une diminution de l'efficacité (par exemple, un chiffre d'affaires en baisse) peut être "compensée" par une diminution des moyens en conséquence. Il y a en quelque sorte interchangeabilité (avec toutes les réserves nécessaires)...
  • En revanche, dans le cas de la défense (ou plus largement de tout service public) le problème est différent : si les moyens doivent être adaptés aux objectifs et l'efficience recherchée, il ne doit pas y avoir "symétrie" et interchangeabilité entre efficacité et moyens mis en oeuvre. L'efficacité doit avoir un ascendant clair, et être quasiment de nature axiomatique. L'optimisation des moyens ne doit venir qu'en second. Pour le dire autrement, tant que les questions d'efficacité ne sont pas traités, il ne sert à rien, à part sur des sujets périphériques, de parler d'efficience. Et il va sans dire qu'optimiser les moyens utilisés pour faire quelque chose qui ne marche pas est contre-productif

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2 commentaires:

EGEA a dit…

Eh! oui.... Mais la LOLF impose un contrôle de gestion, un pilotage dela performance,.... En clair, on est passé du "qui commande paye" à "qui paye commande"....

JGP a dit…

Sujet intéressant que la mise en oeuvre d'une comptabilité analytique au sein du MinDef.

J'en reparlerai certainement.