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mardi 14 avril 2009

Le Brésil à la recherche de transferts technologiques

Aujourd'hui s'ouvre le LAAD (Latin America Aerospace & Defense) 2009 à Rio de Janeiro. Le salon devrait bruisser de rumeurs et échos concernant l'achat prochain par le Brésil d'avions de chasse, pour lequel la compétition (Boeing, Saab, Dassault) est en cours.

Récemment, la signature d'un contrat avec DCNS pour la fourniture de quatre sous-marins Scorpène a montré que le géant d'Amérique du Sud, même si son budget de défense (comme celui de ses voisins) est inférieur à celui de pays d'autres régions du monde[1], tenait à son rang de puissance régionale montante.

Cependant les Brésiliens ont annoncé la couleur : moderniser leur armée n'est pas leur seul objectif, car ils souhaitent également, et même avant tout, revitaliser leur base industrielle de défense.

Menée entre les années 1960 et 1990 par le trio Embraer (aéronautique), Engesa (véhicules blindés et tanks), Avibras (artillerie, DCA, missiles), l'industrie publique brésilienne était dans les années 1980 l'une des premières exportatrices vers les pays en voie de développement. Depuis, Engesa et Avibras ont fait faillite (mais Avibras connaît actuellement une seconde vie), et Embraer, après sa privatisation, est devenu le numéro 3 mondial de l'aéronautique civile, derrière Boeing et Airbus. Ses Super Tucanos (avions légers d'entraînement et de contre-insurrection) équipent l'armée brésilienne ainsi que d'autres pays d'Amérique du Sud. Embarer est également partie prenante dans l'AMX (avion de chasse et d'attaque au sol) utilisé par le Brésil et l'Italie. Ses avions de transport (RJ-99 et C-390) sont en service au Brésil, au Mexique, en Grèce et en Inde.

L'accès au statut de grande puissance signifie une certaine indépendance vis-à-vis des autres grandes puissances, notamment pour ce qui concerne les secteurs considérés comme stratégiques : espace, nucléaire, aéronautique. Et ceci passe évidemment par des transferts de technologies à l'occasion de marchés passés avec des fournisseurs étrangers.

Comme le dit Peter DeShazo, du Center for Strategic and International Studies :
"They want higher levels of technology employed. They want as much as possible to possess the technology, to be able to develop it themselves, to the extent that it's possible, develop their own defense infrastructure."
Bien sûr cette stratégie brésilienne n'est pas unique : Chinois ou Indiens adoptent la même approche, troquant contrats de plusieurs milliards contre l'apport de technologies qui leur permettent une montée en compétence plus rapide et bien sûr, de venir concurrencer leurs propres fournisseurs, voire de déverser certaines technologies duales dans leur base industrielle civile.

D'ailleurs, pour en revenir aux Scorpène achetés à DCNS, il semble bien qu'un cinquième, en plus des quatre tournant au diesel, devrait être propulsé par un système nucléaire brésilien, son lancement opérationnel devant avoir lieu en 2025.

Ces transferts technologiques ont des bénéfices évidents pour les pays en bénéficiant. Mais si on retourne le problème, pour se pencher sur nos propres bases industrielles de défense, "obligées" de vendre leur savoir-faire, ne risquent-elles pas, à long terme, de s'en mordre les doigts ?


***

[1] Tiercé dans l'ordre des plus gros budgets de défense en Amérique Latine pour 2008 :
  • Brésil : 20G$
  • Colombie : 5,5G$
  • Mexique : 3,8G$

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