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mercredi 25 mars 2009

L'action militaire n'est pas l'alpha et l'oméga de la guerre contre le terrorisme

Obama a ouvertement parlé d’une stratégie de sortie militaire de l’Afghanistan, lors d’une interview à CBS dimanche dernier. Paradoxal, alors qu’il a annoncé récemment l’envoi de 17 000 hommes supplémentaires d’ici à cet été ? Pas nécessairement.

Comme il l'a affirmé :

What we're looking for is a comprehensive strategy
De même que, comme évoqué récemment, la technologie ne doit pas se substituer à une réelle stratégie militaire mais doit se mettre à son service, cette dernière doit également être alignée sur une approche plus globale basée sur les effets, qu'ils soient diplomatiques, économiques, sociaux ou autres : cf. la fameuse Effect Based Approach des britanniques, répondant au Network Centric Warfare américain et à ses Effect Based Operations.

Là figure bien une ligne de fracture originelle entre perception européenne et américaine : pour les USA, la RMA dépassait largement le cadre purement militaire et devait permettre une domination et une victoire définitives d’ensemble, grâce à un investissement tous azimuts dans la technologie. Un fossé que les récentes déclarations d’Obama semblent combler en partie.

J’ai déjà été amené à discuter les limites d’une « technologisation » (pour reprendre le terme de Joseph Henrotin) extrême dans un contexte asymétrique, d’une façon bien sûr moins complète que Stéphane Taillat ou Thomas Renard.

Ceci dit, il est évident que pour laisser la place à des mesures de plus grande ampleur sur le plan sociétal, économique et politique ou même diplomatique, la stabilisation (conditions de sécurité acceptables et pérennes notamment) de la situation sur le terrain doit être achevée, ce qui n’est pas encore le cas. D’aucuns estiment au contraire que la déstabilisation et donc le retour à une phase d’engagement armé ouverte et généralisée est bien plus proche. La faute à une mauvaise gestion de l’aspect asymétrique du conflit, et à des efforts dispersés, le fait pour les Américains de mener deux fronts simultanément n’y étant pas étranger.

Bref, sortir d’une démarche trop centrée sur l’effort militaire, mais sans négliger pour autant l’importance de ce dernier et les pré-requis qui sont de son ressort unique.

En espérant bien sûr :

  • que ces propos soient suivis d’effets, ce qui toutefois ne fait pas de doute dans l’absolu, mais éventuellement dans les modalités

  • qu’il ne s’agisse pas uniquement d’une stratégie de fuite et de déresponsabilisation destinée purement à l’opinion américaine, qui laisserait l’Afghanistan (et les Alliés des États-Unis) sans perspective de retour à une situation normale. D’autant que dans ce cas, au vu de la situation sur le terrain, le risque est grand que les Taliban en ressortent victorieux et que tout ce qui a été réalisé depuis presque (déjà !) 8 ans, même si c'est relativement modeste et discutable, soit réduit à néant
  • que cela s'accompagne d'une révision globale des modalités au niveau planétaire de la War on Terror, dont on voit bien que l'épicentre est aujourd'hui bien plus au Pakistan. Pays dans lequel une opération de type Enduring Freedom n'est pas envisageable, pour de multiples raisons, même si l'on a vu dernièrement des bombardements des zones tribales par les USA avec le consentement d'Islamabad

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