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Mon Blog Défense

mardi 31 mars 2009

[Le blog de la semaine] : Zone d'Intérêt

Un point commun avec mon blog : l'auteur de Zone d'Intérêt signe d'un trigramme, MGN. Nous n'en saurons pas plus.

Récent (même si l'auteur dispose d'une certaine ancienneté sur le Web de défense) mais déjà doté de plus de cinquante articles, le blog de cette semaine est principalement axé sur le renseignement, les principaux services de par le monde (CIA, MI6, BND, DGSE...), et également les conflits asymétriques du moment.

Mais il fait aussi la part belle, d'où son intérêt principal à mes yeux (tout le monde a ses marottes), aux avancées technologiques et aux nouveaux équipements (munitions, Information Technology, robots et drones, espace...).

Tout ceci aux travers de posts synthétiques et clairs, donc un ajout logique à la blogroll de mon propre blog.

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La Chine au coeur d'une affaire de cyber espionnage de masse ?

Le roman Halting State de Charles Stross raconte une attaque massive des infrastructures informatiques du Royaume-Uni par les services chinois, dans un futur très proche*.
Ce que narre le rapport d'Information Warfare Monitor se passe de nos jours mais pourrait avoir des répercussions tout aussi importantes. Les auteurs ont mis en lumière ce qu'ils appellent un GhostNet, c'est-à-dire un ensemble de près de 1300 ordinateurs infectés dans 103 pays, qui pourraient être utilisés pour relayer une cyberattaque. Ils indiquent que 30% de ces machines fantômes appartiennent au parc informatique d'ambassades, ministères des affaires étrangères, ONG et autres organisations internationales, ce qui laisse supposer que des informations sensibles puissent être recueillies par ceux qui les contrôlent.
La principale question tourne autour de l'identité de ces derniers. Le rapport mentionne le fait que les indices pointent vers la Chine, et notamment des serveurs localisés sur l'île de Hainan, qui accueille également, hasard ou coïncidence, l'une des principales bases du renseignement de l'Armée Populaire de Libération. Mais aucune preuve directe n'est disponible, pas plus que l'identité précise (hackers chinois nationalistes ?) ou les motivations des coupables. Ni même l'étendue exacte du réseau. Et les officiels chinois font ce qu'ils font toujours, c'est-à-dire nier en condamnant toute forme de cybercrime.
L'objectif du rapport est de sensibiliser et de mobiliser face à une situation aux conséquences potentiellement dévastatrices.
This report serves as a wake-up call
D'autant que les moyens et le niveau de technicité mis en œuvre pour la constitution du GhostNet ne sont pas énormes, ce qui laisse supposer de nombreuses occurrences de tels évènements, actuellement ou dans un futur proche.
Décidément, la Chine semble très active sur le front du cyberespace. Encore récemment, la firme Venus Info Tech, basée à Beijing et qui compte parmi ses clients plusieurs ministères chinois (dont ceux de la propagande et de l'intérieur) ainsi que des agences de sécurité et de défense, a été accusée de fournir à son gouvernement des informations sur les failles de sécurité de réseaux étrangers. Voire même de lui offrir des services de piratage, en plus de participer à la surveillance de l'internet sur le territoire national.
Un exemple de l'importance prise par la quatrième dimension dans les conflits globaux, et pas seulement pour les petits groupes de terroristes ou de truands...
Tiens, cela me rappelle qu'une surprise de la part de Conficker (vous savez, le ver qui avait infecté l'intranet de la Marine Nationale) est prévue pour le 1er avril.

*Le résumé que j'en fais ne fait pas honneur au roman d'anticipation "proche" (situé en 2018), plutôt drôle, destiné principalement aux fans de SF qui diposent de sérieuses notions financières et de jeu en réseau (et même en informatique)

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lundi 30 mars 2009

Arctique : coup de chaud dans la guerre du froid

En fin de semaine dernière, le Conseil de Sécurité russe a confirmé un déploiement militaire dans la région arctique d'ici à 2020, stratégie déjà validée par Dimitri Medvedev dès septembre 2008.

Il est vrai que le réchauffement climatique qui chaque année réduit la banquise porte de nombreuses promesses relatives à l'exploitation des hydrocarbures (estimées au quart des réserves mondiales, sans compter les autres ressources minérales) aujourd'hui situées sous la glace, mais également au contrôle des nouvelles routes maritimes ainsi créées.

Et cinq des huit pays du Conseil de l'Arctique, États-Unis, Canada, Norvège, Danemark (Groenland) et donc Russie, sont sur les rangs pour accaparer une part conséquente du gâteau. Il faut noter ici qu'à l'exception de cette dernière il s'agit de pays occidentaux tous membres de l'OTAN.

Il faut également rappeler qu'en janvier dernier le futur ex Secrétaire Général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a évoqué la nécessité d'une présence militaire dans la région, qui géographiquement, est bien située dans l'Atlantique Nord.

D'où l'insistance de l'ambassadeur russe auprès de l'Organisation, Dmitri Rogozine, à laisser cette dernière en dehors des débats :

L'engagement de l'OTAN dans les règlements en Arctique doit être interprété tout simplement comme la volonté d'utiliser l'Alliance en tant qu'instrument dans la lutte pour les ressources
Un appel relayé, sans surprise, par le porte-parole de la diplomatie russe, Andreï Nesterenko :
Nous sommes convaincu que l'activité de l'OTAN en Arctique pourrait dévoyer le schéma constructif de coopération entre les états riverains, et stériliser l'ordre du jour pour la région arctique
Sans vouloir contredire les dirigeants russes, cette coopération entre "riverains" qu'ils vantent relève plus pour le moment d'une guerre froide (c'est le cas de le dire) au sein de laquelle chacun se prépositionne.

Le premier champ de bataille, pour l'appropriation "légitime" des ressources, est bien évidemment d'ordre géographique : il porte sur l'officialisation des frontières de chaque riverain. Chaque pays a autorité sur une zone s'étendant jusqu'à 200 milles marins de ses côtes ; zone extensible en fonction de la configuration du plateau continental. D'où de nombreuses revendications, comme d'ailleurs celle des Russes concernant la dorsale de Lomonossov, chaîne sous-marine, qu'ils présentent comme une prolongation continentale de leur territoire.

Pour forcer l'évolution de la situation, les Russes ont également réalisé un véritable coup de force à l'été 2007 : ils ont planté leur drapeau sous le pôle Nord, à 4 km de profondeur. Une zone qui pourrait devenir bientôt un terrain d'entraînement pour la flotte et les sous-marins de la Fédération. Sous-marins que les Russes sont prêts à mobiliser pour les études civiles portant sur la délimitation des plateaux continentaux.

La Russie, qui sur le sujet a adopté une stratégie de first mover, a déjà défini une trajectoire d'appropriation devant transformer l'Arctique, d'ici 2020, en son pourvoyeur principal de ressources naturelles. Les Américains de leur côté dévoilent moins leur jeu, et tentent pour le moment, par le biais de l'OTAN, de jouer la carte internationale.

Mais bien sûr, du côté de Moscou, on se refuse de parler de militarisation de la zone arctique. On préfère évoquer la mise en place de systèmes de sécurité côtière, de projets économiques et la reconnaissance officielle des frontières de chacun. Un sujet qui sera à l'ordre du jour du prochain Conseil de l'Arctique, prévu pour avril, en Norvège.

Et l'ordre du jour du sommet de l'OTAN à Strasbourg, il fera aussi une place aux ressources arctiques ?

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dimanche 29 mars 2009

Géopolitique : Le tropisme asiatique

Voici ci-dessous ma réponse à la question posée par Olivier Kempf sur son blog :

Y a-t-il malgré tout un basculement des affaires du monde vers l'Asie ?
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Une réponse succincte de non-géopoliticien...mais le sujet est extrêmemement vaste

En premier lieu, le terme "Asie" me met mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il recouvre ? Tout ce qui est à l'Est de la Méditerranée ? L'Asie du Sud-Est ?
1 - Le continent asiatique représente la moitié de l'humanité et recouvre une diversité énorme, de l'Iran au Japon en passant par la Chine, le Pakistan, l'Arabie Saoudite, Israël, l'Inde, le Vietnam, la Thaïlande, les 2 Corée, ou même la Russie Orientale (?) et bien d'autres
De ce simple fait démographique (une illustration parmi d'autres : la Chine compte plus d'ouvriers que l'ensemble des pays du G8) et en accord avec le développement économique, il semble normal que le centre de gravité des affaires du monde s'y déplace. Attention "centre de gravité en Asie" ne signifie pas intrinsèquement que les pays asiatiques soient meneurs du jeu (après tout le Japon, deuxième économie mondiale, est loin d'être la deuxième "puissance"), mais plutôt que c'est autour d'eux que se jouent les principales luttes, qu'ils soient clients, fournisseurs, arbitres...

2 - Sur le front économique, la crise est aujourd'hui globale et touche les pays émergents, fortement immergés dans la mondialisation, à deux titres principaux : le défaut de financement des banques (principalement occidentales) freine leur développement, et la chute de la consommation occidentale, censée absorber une part importante de leur production(particulièrement prégnant en Chine, pour laquelle un des enjeux est le développement de sa demande intérieure), produit une montée du chômage bien supérieure aux effets, en l'absence relative de mécanismes sociaux, bien plus dévastateurs que ce qui peut être observé chez nous. Cependant en valeur absolue le top 10-15 des PIB mondiaux va de plus en plus être occupé par des pays asiatiques (au milieu d'autres puissances émergentes, comme le Brésil ou l'Indonésie). Et inutile de rappeler qu'il y a une douzaine d'années on se demandait si l'Asie du Sud-Est allait se relever de la crise financière de l'époque. De plus on s'étonne de moins en moins de voir des géants asiatiques (principalement chinois et indiens, les Mittal, Tata, Huawei...) prendre le contrôle de fleurons occidentaux. Sans parler des fonds souverains, dont les plus puissants sont bien entendu en Asie.

3 - Ensuite, le jeu des puissances au sein de la méga-sphère asiatique est extrêmement complexe : multiples tensions "locales" et nationalisme exacerbé (jeu des combinaisons : Inde, Pakistan, Iran, Irak, Chine, Corée, Japon...), désirs de leadership local et de puissance globale (on ne parle plus de la Chine, conditionnée depuis quelques temps à l'idée qu'elle sera bientôt n°1) ou du moins d'implication internationale (particulièrement vrai dans le cas du Japon, qui voudrait bien transformer sa force d'auto-défense en vraie armée). Mais les puissances traditionnelles se voient concurrencées sur leurs terrains de jeu, et la création du G20 à l'occasion de la crise actuelle en est l'un des multiples symptômes. De même que l'est l'essor spatial chinois ou indien, ou encore l'assaut mené tout azimut par la Chine sur l'Afrique. On voit là une "fusion" ou du moins une convergence des problématiques économiques, sociales et politiques. Qui risque de s'accentuer autour de sujets comme l'eau, les hydrocarbures ou les matières premières.

En résumé, ce déplacement du centre de gravité me paraît inéluctable, aux dépens des Occidentaux notamment, car les nouveaux géants asiatiques allient, selon des modalités différentes certes, volonté politique de fer et puissance économique. Cependant son rythme peut faire question, dépendant il me semble de l'aptitude de la Chine ou de l'Inde à jouer le rôle de leader sur les problèmes qui se posent aujourd'hui au monde, en dépassant la relation bilatérale avec les Etats-Unis ou la Russie...mais également dans la nécessité de développer, sur tous les sujets, les accords, coopérations et partenariats entre eux et avec leurs voisins.

Désolé pour cette réponse un peu décousue en mode "weekend". Je la reproduis en l'état sur mon propre blog.

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samedi 28 mars 2009

Un livre sur la géopolotique de l'Iran

A signaler, l'ouvrage collectif de la Revue Française de Géopolitique intitulé L'Iran Réel, publié début 2009 sous la direction d'Aymeric Chauprade, professeur de science politique à l'Université de Neuchâtel etde géopolitique du Collège Interarmées de Défense. Ce dernier est plus connu pour avoir défrayé la chronique après sa congédiation par le Ministre de la Défense après avoir flirté avec la thèse du complot américano-israëlien sur les attentats du 11/09/01 dans son ouvrage "Chronique du choc des civilisations". Ces péripéties sont à ma connaissance encore en cours.

Bref, foin de polémique, pour une rapide présentation. En un peu plus de 150 pages sont abordées la plupart des problématiques liées à l'Iran d'aujourd'hui : histoire récente, relations internationales (notamment États-Unis, Russie, Chine, monde arabo-musulman, Inde, Israël...), prolifération nucléaire, pétrole, mais également société et économie iranienne, entre conservatisme et aspirations au modernisme et à la liberté.

L'Iran du XXIème siècle, enfin maître de lui-même, a à cœur de recouvrer le rôle naturel qui est le sien depuis plus de deux millénaires, une puissance régionale au carrefour des mondes
Il est intéressant de relever la diversité des contributeurs : militaires, civils, universitaires, membres du secteur privé, Français, Belges, Iraniens...

La couleur est annoncée dès la couverture ("Des spécialistes civils et militaires décryptent librement la question iranienne") : chaque chapitre, plus qu'une simple description, soutient une thèse, à laquelle on adhère fatalement plus ou moins (par exemple, pris totalement au hasard, le fait que la menace sur Israël soit "totalement illusoire"). Mais les arguments la sous-tendant sont clairement affichés. Aussi, pas de surprise.

En résumé, un ouvrage synthétique qui éclaire les débats sur un ensemble de sujets rarement évoqués ensemble, mais à compléter de sources plus généralistes.

PS : En bonus, un chapitre sur l'indépendance de la Transnitrie, aux confins de la Moldavie, objet d'un énième conflit USA-Russie.

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OTAN : le SACLANT existe-t-il encore ?

En examinant les logs de mon blog (une source inépuisable d'enseignements), quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une visite provenant de Norfolk, Virginie, États-Unis, et plus précisément de l'Allied Command Atlantic, plus communément appelé SACLANT, du nom de son Supreme Commander.

Originellement l'un des deux Supreme Commanders de l'OTAN, avec le SACEUR - Supreme Allied Commander Europe - européen mais de nationalité américaine (voir d'ailleurs un article de l'AGS sur le futur occupant de ce poste), il avait notamment en charge jusqu'en 2003 la protection des routes maritimes USA-Europe et du déploiement de la dissuasion nucléaire sous-marine de l'Organisation.

L'ACT "régional" initial a laissé la place à l'Allied Command Transformation, également basée à Norfolk, dont on parle beaucoup en ce moment (ici ou ou encore là-bas par exemple). Et le SACLANT a lui été remplacé par le SACT - bientôt français ?

Mais je suppose qu'ils n'ont pas pensé à (voulu ?) changer le paramétrage de tous leurs routeurs Internet, d'où la survivance de signes du passé.

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vendredi 27 mars 2009

La guerre aux portes du territoire américain

Alors que les troupes américaines sont massivement engagées en Irak et en Afghanistan, il est question ces jours-ci d'un front beaucoup plus proche de leur territoire national : alors que la guerre fait rage au Mexique entre le gouvernement et les cartels de la drogue (plus de 5000 morts depuis janvier 2008), une implication plus forte des forces américaines est dans les tuyaux, selon les dernières déclarations de l'administration Obama :

We stand shoulder to shoulder with [President Calderon] in that fight

Il faut dire que 90% de la cocaïne présente sur le sol américain y entre par le Mexique, et que ce dernier est également un large fournisseur d'héroïne, marijuana et mésamphétamine... le montant global annuel des trafics dépassant chez l'Oncle Sam les 20 milliards de dollars.

Tous les services sont mobilisés : DEA, Bureau des Tabacs, Département du Trésor (par le biais d'une bien nommée Operation Firewall), FBI, Homeland Security...pour aider les Mexicains et empêcher l'extension du conflit de l'autre côté de la frontière. L'effort global étant estimé pour 2009 à 700 millions de dollars, et impliquant contrôle accru de la zone frontalière (armes, drogue, clandestins...) et des flux financiers. Un montant encore très inférieur à ceux atteints par la War on Terror, mais qui s'inscrit dans un combat vieux de plusieurs décennies, jalonnées d'opérations comme Juste Cause au Panama ou l'apparition régulière ces dernières années de trafiquants sud-américains sur la FBI Most Wanted List.

Le point culminant de cette coopération est une visite d'Obama prévue à la mi-avril, après celles d'Hillary Clinton, la Secrétaire d'Etat et de l'Attorney General Eric Holder.

Au passage, les hôteliers de Cancun ne semblent pas avoir enregistré de baisse de fréquentation pour le Spring Break '09, malgré toutes les mises en garde diffusées par les autorités US.

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jeudi 26 mars 2009

Partie d'échecs chinois dans l'espace

Les statistiques compilées depuis des décennies le montrent : aux échecs, il vaut mieux avoir les Blancs et jouer en premier. Dans de nombreux domaines, celui qui a l'initiative et bouge le premier bénéficie d'un ascendant (potentiel et à exploiter) sur ses concurrents ou adversaires, notamment parce qu'il a la capacité à définir certaines règles du jeu à venir.

Ceux qui sont familiers avec la stratégie d'entreprise connaissent le terme de "first mover advantage" ("prime au premier entrant" en français), selon lequel celui qui entre en premier de façon significative sur un marché se dote d'un avantage concurrentiel :
  • Préemption de ressources rares (matières, équipements, positions)
  • Dépôt de brevets et de droits commerciaux
  • Tissage de liens avec les parties prenantes de l'écosystème (fournisseurs, clients, prospects...)
  • ...
Bref, de quoi mettre de sérieux bâtons dans les roues des suiveurs, même s'il faut également s'attendre à essuyer des plâtres à tous les niveaux. Et si finalement, ce n'est pas tant l'idée originale qui compte que sa mise en oeuvre concrète.

Fin de la digression, pour s'attaquer au coeur du sujet : les Chinois vont-ils devancer les Européens dans la quête du prochain concurrent au GPS américain ? Vont-ils, en fait, être les first-movers pour la seconde place (si l'on exclut le GLONASS russe lancé en 1982, dont la constellation a été achevée en 1995) ?
On peut se poser la question, et de plus en plus sérieusement. Après le premier taïkonaute, Yang Liwei, en 2003, un autre coup de force commercial vient d'être réalisé en ce début 2009 par le programme spatial chinois : le lancement en 2010 par une fusée Long March d'un satellite pour le compte d'Eutelsat, qui ouvre ainsi la chasse gardée d'Arianespace. Jusqu'alors cantonnée aux contrats de second rang comme le satellite lancé en octobre 2008 pour le Vénézuéla, la Chine aurait été sélectionnée par l'opérateur de télécommunications pour des raisons de coûts, de liste d'attente très longue côté Ariane, mais également parce que la qualité de service offerte par l'Empire du Milieu semble équivalente (crime de lèse-majesté ?).

Petit retour en arrière...Années 1970, en pleine Guerre Froide. Les Etats-Unis mettent en oeuvre ITAR (International Traffic in Arms Regulation) qui vise notamment à éviter que des technologies sensibles (dont tout ce qui touche aux satellites) ne tombe entre de mauvaises mains (par exemple, les chinoises).

Bref, les Américains se trouvent fort dépourvus aujourd'hui car le satellite W3B en question est garantie "sans technologie américaine", et que les troupes américaines en Irak et en Afghanistan sont d'une façon générale clientes d'Eutelsat. Ironie du sort, ITAR a encouragé le développement des savoir-faire en satellites en Europe (notamment chez Thales Alenia Space) et donc aujourd'hui en Chine, en même temps qu'il a fait perdre de nombreux marchés aux industriels américains. D'ailleurs, de nombreuses voix s'élèvent outre-atlantique pour qu'Obama y mette un terme ou l'aménage sérieusement.

Les Chinois ne veulent pas s'arrêter là : selon des informations diffusées ces jours-ci, ils se sont lancés dans la mise en oeuvre de leur propre système GPS, qu'ils comptent bien rendre opérationnel avant Galileo, celui des Européens...

Galileo, qui connaît depuis son lancement de nombreux problèmes, à la fois de financement mais également de gouvernance (chaque pays ayant tiré en faveur de ses propres entreprises de défense et télécoms) et de coopération industrielle...un exemple qui montre que l'espace économique européen de défense intégré et ouvert n'est pas encore pour demain. Galileo devrait être totalement déployé (constellation de 30 satellites) en 2013, soit avec cinq ans de retard sur les prévisions initiales.

Une course (majoritairement) en aveugle s'engage avec la Chine, qui malgré la crise dispose d'un trésor de guerre impressionnant, d'une expertise en développement rapide, d'une volonté de fer, et qui ne connait pas les atermoiements de l'intergouvernemental européen.
Une course, car selon une clause, dite du "first mover", de l'Union Internationale des Télécommunications (UIT), la Chine pourrait bien s'approprier les bandes de fréquence sur lesquelles compte Galileo.

Menée par un état fort et volontariste, la conquête spatiale chinoise avance à grand pas. Pour le moment essentiellement symbolique, l'effort pourrait dans un avenir très proche investir de façon plus importante les champs commerciaux et militaires, posant un sérieux défi aux puissances occidentales (et russe, japonaise et indienne par la même occasion).
Les Chinois, rarement first movers et souvent raillés pour leur comportement de copieurs sans scrupules et sans imagination, pourraient en surprendre plus d'un !

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mercredi 25 mars 2009

L'action militaire n'est pas l'alpha et l'oméga de la guerre contre le terrorisme

Obama a ouvertement parlé d’une stratégie de sortie militaire de l’Afghanistan, lors d’une interview à CBS dimanche dernier. Paradoxal, alors qu’il a annoncé récemment l’envoi de 17 000 hommes supplémentaires d’ici à cet été ? Pas nécessairement.

Comme il l'a affirmé :

What we're looking for is a comprehensive strategy
De même que, comme évoqué récemment, la technologie ne doit pas se substituer à une réelle stratégie militaire mais doit se mettre à son service, cette dernière doit également être alignée sur une approche plus globale basée sur les effets, qu'ils soient diplomatiques, économiques, sociaux ou autres : cf. la fameuse Effect Based Approach des britanniques, répondant au Network Centric Warfare américain et à ses Effect Based Operations.

Là figure bien une ligne de fracture originelle entre perception européenne et américaine : pour les USA, la RMA dépassait largement le cadre purement militaire et devait permettre une domination et une victoire définitives d’ensemble, grâce à un investissement tous azimuts dans la technologie. Un fossé que les récentes déclarations d’Obama semblent combler en partie.

J’ai déjà été amené à discuter les limites d’une « technologisation » (pour reprendre le terme de Joseph Henrotin) extrême dans un contexte asymétrique, d’une façon bien sûr moins complète que Stéphane Taillat ou Thomas Renard.

Ceci dit, il est évident que pour laisser la place à des mesures de plus grande ampleur sur le plan sociétal, économique et politique ou même diplomatique, la stabilisation (conditions de sécurité acceptables et pérennes notamment) de la situation sur le terrain doit être achevée, ce qui n’est pas encore le cas. D’aucuns estiment au contraire que la déstabilisation et donc le retour à une phase d’engagement armé ouverte et généralisée est bien plus proche. La faute à une mauvaise gestion de l’aspect asymétrique du conflit, et à des efforts dispersés, le fait pour les Américains de mener deux fronts simultanément n’y étant pas étranger.

Bref, sortir d’une démarche trop centrée sur l’effort militaire, mais sans négliger pour autant l’importance de ce dernier et les pré-requis qui sont de son ressort unique.

En espérant bien sûr :

  • que ces propos soient suivis d’effets, ce qui toutefois ne fait pas de doute dans l’absolu, mais éventuellement dans les modalités

  • qu’il ne s’agisse pas uniquement d’une stratégie de fuite et de déresponsabilisation destinée purement à l’opinion américaine, qui laisserait l’Afghanistan (et les Alliés des États-Unis) sans perspective de retour à une situation normale. D’autant que dans ce cas, au vu de la situation sur le terrain, le risque est grand que les Taliban en ressortent victorieux et que tout ce qui a été réalisé depuis presque (déjà !) 8 ans, même si c'est relativement modeste et discutable, soit réduit à néant
  • que cela s'accompagne d'une révision globale des modalités au niveau planétaire de la War on Terror, dont on voit bien que l'épicentre est aujourd'hui bien plus au Pakistan. Pays dans lequel une opération de type Enduring Freedom n'est pas envisageable, pour de multiples raisons, même si l'on a vu dernièrement des bombardements des zones tribales par les USA avec le consentement d'Islamabad

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mardi 24 mars 2009

[Le blog de la semaine] : Pour convaincre

Je suis flemmard....le titre intégral du blog de la semaine est "Pour convaincre, la vérité ne peut suffire".

J'aime beaucoup ce titre, même si à mon sens, il ne va pas assez loin : pour convaincre, si la vérité n'est pas suffisante, est-elle pour autant toujours nécessaire ?
Vision excessivement cynique ? J'avais déjà effleuré le sujet, notamment ici ou .

Revenons au sujet de l'article : non, il ne s'agit pas du blog d'un avocat, mais d'un passionné (praticien ?) de la chose de défense, couvrant un éventail très large de sujets, de concepts et de zones géographiques. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, il ne traite pas uniquement de propagande et de communication, mais aussi bien d'Hannibal que de sécurité informatique, en passant bien entendu par la doctrine (intéressant article sur la systémique au passage, ça me rappelle que j'en ai au moins un dans les cartons sur le thème).

Très régulièrement mis à jour depuis janvier 2009, avec des petits analyses personnelles sur pas mal de sujets et des liens vers des sources plutôt pertinentes ! Un autre incontournable de la blogroll de tout amateur.

Juste une petite critique esthétique : j'ai un peu de mal avec les couleurs et la police. J'avais d'ailleurs essayé les mêmes, pour me raviser très vite !

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lundi 23 mars 2009

OTAN : la standardisation et la normalisation c'est bon, mangez-en !

Dans tout secteur technologique et industriel, la standardisation (de même que la normalisation) est souvent un objectif recherché. Elle porte en effet de nombreux avantages :

  • fiabilité des produits et systèmes
  • réduction des coûts de développement
  • facilitation des partenariats et de l'innovation partagée
  • optimisation de la chaîne de valeur par interopérabilité de produits et services complémentaires
  • abaissement des barrières à l'entrée et à l'échange, et favorisation de la concurrence
  • plus grande évolutivité des produits et systèmes
  • meilleure régulation du secteur
Bien sûr, certains des points cités ci-dessus ne s'appliquent pas toujours, ou du moins ils ne sont pas systématiquement promus par l'ensemble des parties prenantes : fournisseurs, donneurs d'ordres, consommateurs, états...

Bien sûr (encore), les standards apparaissent rarement ex nihilo mais plutôt à l'issue de
  • longs processus pendant lesquels des batailles de concepts, notamment sur le plan technologique et commercial, font rage, chacun luttant pour imposer son standard, jusqu'à que le combat cesse faute de combattant
et/ou
  • toutes aussi longues phases de R&D, négociations et groupes de travail permettant d'établir des spécifications et règles communes plus ou moins par consensus.
Un standard n'a pas nécessairement un "tampon officiel", au sens où c'est souvent la reconnaissance et l'adoption (i.e. en plus de l'utilisation, la prise en compte dans la conception et le dévelopement de leurs propres produits) par les différents acteurs réels qui compte. On parle alors de standard de facto. Je pense ici par exemple à ce que peut être un Windows dans le domaine des systèmes d'exploitation.

Un standard n'est pas systématiquement mis en avant pour son contenu en lui-même. Souvent, il est l'expression particulièrement d'une volonté, d'une doctrine plus ou moins avouée. Ses promoteurs espèrent en tirer un avantage :
  • parce que le standard favorise certains technologies, activités ou domaines connexes sur lesquels ils sont en situation de leadership
  • parce qu'ils savent ou pensent que le standard (je pense notamment aux standards de sécurité) a des faiblesses qu'ils savent exploiter à leur avantage
  • parce que la mise en oeuvre du standard va favoriser des comportements qui leur sont favorables
  • parce que l'imposition du standard va tuer dans l'oeuf toute velléité de développement de concepts différents, notamment par mobilisation des ressources des partenaires
Bref, la promotion d'un standard (au sens large : pratique, doctrine, tout autant que matériel et technique) est rarement neutre, et son adoption ne produit pas les mêmes effets sur toutes les parties prenantes.

Mais quel lien avec le thème de ce blog ?

Un article sur AGS, suivant mon appel (;-)) aborde le thème de l'impact technologique et industriel de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, complété d'un post sur Mars Attaque qui présente entre autres le concept de STANAG et les attributions de l'ACT de Norfolk.

La standardisation des pratiques, aspects administratifs, procédures, technologies et matériels (notamment au travers des STANAG) est une des activités-piliers de l'OTAN. Elle vise à permettre une meilleure coopération, à tous les niveaux, entre ses membres. Elle se fait dans le cadre plus large de la Transformation de l'Alliance, qui en théorie dépasse les aspects purement technologiques du NCW. Cependant, quand on voit (sans jugement de valeur) par exemple ce qui se fait dans le domaine des liaisons de données tactiques, c'est du "full C4ISTAR compliant" (j'ai pris volontairement le sigle le plus long et fourre-tout des concepts issus de la RMA).

Qu'ajouter à cela ? Transformation et interopérabilité, sous le signe de la guerre en réseau et des EBO, sont évidemment au menu de l'OTAN, et y seront toujours quand la France sera aux commandes de l'ACT. Le sens qu'elles vont prendre aura un impact potentiel fort sur les programmes militaires en cours et à venir, sur une période qu'on peut estimer assez longue.

Pour rappel, le général américain James Mattis est actuellement à la fois à la tête de l'United States Joint Forces Command (en charge de la Transformation, thème à la mode, de l'armée US) et de l'ACT, et l'USJFC se trouve également à Norfolk. Autant dire que les flux doctrinaires entre les deux (notamment dans un sens) vont bon train. D'ailleurs l'ACT n'a-t-elle pas accouché de la NNEC (NATO Network Enabled Capability), concept dont la nouveauté par rapport au NCW ne saute pas aux yeux ?

Et le marché de la défense aux Etats-Unis étant ce qu'il est, les doctrines qui s'y développent font la part belle aux orientations prises par les fournisseurs d'outre-atlantique, au travers des programmes faramineux en cours...mais somme toute, qui peuvent profiter à un grand nombre de defense contractors, puisque le mot d'ordre global est tout de même "vive les dépenses militaires et les giga-projets de mise en réseau de toutes les forces".

Il ne faut pas oublier que les gros fournisseurs américains (Boeing, Northrop Grumman, Raytheon...) ont participé à la création en 2004 du Network Centric Operations Industry Consortium (NCOIC). Il s'agit d'un syndicat interprofessionnel international des entreprises travaillant dans le domaine du NCW, dont l'objectif est l'entraide et la promotion de standards, notamment auprès de l'OTAN ou de l'UE. Il réunit aujourd'hui une centaine de membres, répartis en trois rangs, principalement des acteurs de la défense mais aussi des télécoms. Thales et EADS appartiennent au rang 1, mais la forte prépondérance des entreprises américaines (sans surprise, au regard du secteur concerné) crée un déséquilibre dans les positions soutenues.

Peut-on attendre une révolution obamienne ? Peut-être également que le rééquilibrage en faveur de l'Europe au sein de l'OTAN va jouer en faveur d'une tempérance , puisqu'on sait que de ce côté-ci de l'Atlantique, on est resté jusqu'ici plus prudent sur l'aspect guerre en réseau (ne serait-ce que dans le nom : Network Centric Warfare aux USA contre Opérations Réseau Centrées en France ou Effect Based Approach au UK).

Un des dangers qui guette est, malgré la profusion de standards, que finalement, au vu des différences de moyens et de capacité R&D, l'armée américaine ne soit plus interopérable qu'avec elle-même. La recherche par les européens de la transformation réseau-centrée et de l'interopérabilité à tout prix avec le géant US peut alors être un pur gaspillage, au détriment d'une construction plus modeste et limitée, mais décidément plus "UE-centrée".

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dimanche 22 mars 2009

Projet SHAMROCK : du renseignement tout en finesse

Ayant cité le programme ECHELON dans un article récent, je me suis remémoré le projet SHAMROCK. La première fois que j'en ai entendu parlé, j'ai trouvé cela proprement hallucinant. Il s'agit probablement d'une des plus extravagantes initiatives de COMINT (Communications Intelligence, renseignement lié à l'interception des communications) de l'Histoire.

A partir de 1945, la NSA et sa devancière, l'AFSA (Armed Forces Security Agency), ont eu accès à l'ensemble des données télégraphiques entrant ou sortant (y compris celles en transit) des États-Unis. Quotidiennement, Western Union, ITT et RCA, trois opérateurs de communications, leur offraient un accès direct aux données sous forme de microfilm ou de copie papier.

Au plus fort de l'opération, à la fin des années 1960, 150 000 messages étaient analysés chaque mois par les agents de la NSA, mais également d'autres agences : CIA, FBI, Secret Service, Bureau des Narcotiques...

Le trafic global était estimé à cette période à 6 millions de télégrammes par mois : un message sur quarante faisait l'objet d'un compte-rendu !

Le Sénateur Frank Church, président de la commission du même nom, chargée en 1975 d'enquêter sur les abus éventuels des agences de renseignement américain, a dit de SHAMROCK qu'il était
Probably the largest government interception program affecting Americans ever undertaken.
Par la suite, les pouvoirs de la NSA ont été encadré et restreints, du moins en ce qui concerne les citoyens américains et jusqu'au Patriot Act.

Personnellement, au-delà de l'aspect "force brute" (au sens cryptoanalytique du terme) de l'approche, à l'opposé d'un renseignement intelligent et ciblé, c'est la collaboration plus ou moins "volontaire" des entreprises américaines que je retiens. Sachant que, notamment dans un contexte de compétition internationale, l'assistance ne se fait évidemment pas toujours dans ce sens. Et les USA sont d'autant moins réticents à ce mélange des genres qu'ils considèrent que cela permet souvent d'aplanir la situation, les étrangers ayant naturellement sur le terrain commercial recours à la corruption et autres formes de concurrence déloyale.

Aujourd'hui, l'essor des communications électroniques à démultiplié les volumes de messages et d'informations échangées (Web, email, FTP, P2P, téléphone...). Les capacités d'interception ont également évolué : intelligence artificielle des automates de reconnaissance et de traitement (utilisation de dictionnaire et de facultés sémantiques), puissance des processeurs...mais il n'est plus possible de tout suivre. Cet article n'est pas le lieu d'un exposé sur le sujet, mais l'explosion de la fibre optique rend plus difficile l'interception "discrète", car elle nécessite un accès physique au médium. De même le développement de la cryptographie civile et commerciale met des bâtons dans les roues des intercepteurs, notamment depuis la levée de l'interdiction des exportations américaines en 2000. Évidemment la NSA et ses semblables cachent leurs réelles capacités.

Et inutile de rappeler qu'ECHELON n'a pas empêché les attentats du 11/09 ni les bourbiers afghan et irakien. Bref, l'HUMINT et le travail de terrain ont encore de beaux jours devant eux !

A lire pour s'initier au COMINT en général et à ECHELON en particulier, le rapport IC 2000 de Duncan Campbell réalisé pour le Parlement Européen, inquiet à l'époque de l'existence de cet espionnage électronique à grande échelle, révélé à la fin des années 1990. Bien qu'un peu ancien, le court ouvrage est très didactique et présente les différentes applications qui peuvent être faites de l'interception des communications. Il liste en particulier quelques contrats remportés par les industriels américains (Raytheon, Boeing, AT&T, Westinghouse...) grâce au COMINT, d'ailleurs souvent au détriment de concurrents français.

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samedi 21 mars 2009

Bilan de l'activité 2008 de la DGA

Je comptais faire un petit billet sur le bilan 2008 et les perspectives 2009 de la DGA, mais Théâtre des Opérations s'en est déjà chargé, donc c'est par là que ça se passe !

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vendredi 20 mars 2009

Un petit article sur l'approche multidomestique de BAE Systems

Puisqu'il semble que le mot clé "multidomestique" soit apprécié des étudiants (merci les logs de mon blog), je voulais signaler un petit article paru il y a déjà un mois, sur le site d'e24, et qui revient sur les succès récents de BAE Systems, 4ème defense contractor mondial.

Ceux-ci apparaissent comme la résultante, entre autres, des efforts entrepris depuis cinq ans, d'abord défensifs face à General Dynamics, d'implantation sur le marché américain (le plus important et de loin) par croissance externe. De fait, BAE est vu outre-atlantique comme un fournisseur local...et semble beaucoup moins intéressé par un développement en Europe.

Ma petite analyse

Alors qu'avant le rachat d'United Defense Technologies (chars) en 2005 BAE était un simple sous-traitant des industriels américains sur le marché US, il est désormais aux portes du Top 5 des fournisseurs du Pentagone. Le DoD est d'ailleurs devenu son premier client devant le MoD (shocking pour le champion national britannique !).

Une approche multidomestique que Thales suit également depuis plusieurs années sous la houlette de Denis Ranque, dans un nombre de pays largement supérieur, mais fatalement sur des marchés bien plus petits en valeur. Et inutile de rappeler que la relation très spéciale USA-UK joue forcément un rôle dans l'aventure américaine de BAE. Le pluriel et donc le caractère multidomestique commence à deux, mais ce que fait BAE est quand même très spécifique, et a priori n'a pas vocation à s'étendre selon les mêmes modalités à d'autres zones géographiques.

Le Department of Defense a d'ailleurs d'autant moins de mal à reconnaître BAE comme un fournisseur local que sa structure capitalistique est à 100% flottante, comme celle des industriels américains (en arrondissant) et au contraire des Européens, qui comptent encore d'importantes participations publiques ou des actionnaires industriels de référence. Il semble même que la majorité de ses capitaux soient détenus par des investisseurs étatsuniens. Bref, de quoi donner de l'eau au moulin de ceux qui défendent la thèse d'un BAE cheval de Troie US dans l'industrie européenne de défense !

L'article souligne par contraste l'identité encore très européenne d'EADS, qui a du mal à s'imposer aux Etats-Unis (hors hélicoptères), même avec la fameuse affaire des avions ravitailleurs.

Puisqu'on parle d'EADS, sortons du sujet multidomestique pour celui de l'A400M. Selon une annonce de la DGA cette semaine, le programme aura au minimum 4 ans de retard, les prévisions n'étant pas encore totalement stabilisées. Pour pallier les manquements capacitaires de l'armée de l'air française (qui, de même que d'autres clients, veut réduire son volume de commande), des Transall allemands, Antonov russes et C-17 de l'OTAN sont évoqués, de même qu'une anticipation du programme MRTT (A330 multirôle). Affaire à suivre, je pense que nous ne sommes pas au bout de nos peines sur ce dossier qui concerne un segment stratégique pour l'autonomie technologique européenne.

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jeudi 19 mars 2009

Un peu de lecture sur les "marchands de canons"

Je viens de m'acheter Journal intime d'un marchand de canons, de Philippe Vasset, par ailleurs rédac'chef d'Intelligence Online. Se présentant sous la forme d'une fiction romanesque écrite à la première personne, l'ouvrage raconte la vie d'un marchand d'armes, en s'appuyant sur des noms, entreprises, marchés et affaires bien réels. Il semble qu'il démythifie l'image d'Épinal du milieu trop souvent promue par les films d'espionnage américains, à base d'action survitaminée et d'aventures James Bondesques.

J'en ferai certainement un petit commentaire si je trouve le temps de le lire ces jours-ci (après tout c'est aussi pour cela que l'on achète des livres), à l'aune de ma modeste expérience de l'intérieur du domaine, y compris auprès de sociétés mentionnées dans l'ouvrage.

Mais dès à présent je confirme de ma petite fenêtre que le job consiste surtout en d'innombrables réunions, présentations, déplacements, rendez-vous et d'interminables attentes (entrecoupées de phases de travail intense tout de même), certes pas dans les lieux les plus minables en général.

Bien sûr, n'étant pas écrivain ni journaliste, je ne citerai aucun nom, donc n'attendez pas de scoop ;-)

Par contre il y a des choses intéressantes à dire sur le lien entre phase de vente et phase de réalisation des grands programmes...

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mercredi 18 mars 2009

Défense et logiciels de veille stratégique

De plus en plus de consultations de mon blog se font au travers de plates-formes dites de veille stratégique. Il s'agit de logiciels qui parcourent le Web pour y collecter, analyser, traiter, synthétiser et restituer l'information selon des critères définis par l'utilisateur...des moteurs de recherche un peu améliorés en quelque sorte.

Les plus avancés possèdent une intelligence artificielle très développée et recourent même à des capacités sémantiques (i.e. la faculté de "comprendre" le sens des textes et non simplement de faire des rapprochements purement sur la base de chaînes de caractères), ce qui démultiplie leur puissance. Les travaux de Noam Chomsky, pour partie financés par le Department of Defense, ont fortement contribué au développement de ces technologies permettant l'analyse du langage naturel (le nôtre, à la fois dans ses dimensions lexicale, syntaxique et sémantique) grâce aux langages informatiques. La traduction automatique est également un enjeu fort, tant les sources pertinentes (et donc les partenaires, concurrents, ennemis potentiels), malgré la prédominance toujours vive des Etats-Unis, se multiplient aux quatre coins du monde.

Tout autant que leur aptitude à identifier les sources pertinentes au milieu de l'océan de données du Web (dont la blogosphère, lieu d'expression en constant développement, et plus seulement investi par des adolescents fiers de leur look), leur capacité à nettoyer et synthétiser l'information recueillie pour des décideurs humains est un facteur clé de différentiation concurrentielle.

Les grandes (et les moins grandes) entreprises et les organismes gouvernementaux en sont friands, notamment pour savoir ce que la toile dit d'eux, mais aussi plus généralement à des fins stratégiques ou marketing, ou pour enrichir leur base de connaissances (marché, avancées technologiques et innovations, règlements et cadre juridique, concurrents...)...ou même, en utilisation interne, pour capitaliser et partager les informations qu'ils produisent.

Ces technologies d'analyse de données sont évidemment cruciales dans le domaine de la défense et du renseignement. Elles sont des composantes clés de l'OSINT (Open Source Intelligence, c'est-à-dire qui s'intéresse aux sources ouvertes, à l'information blanche et en théorie accessible à tous), dont l'importance est de moins en moins prise à la légère...sans aller jusqu'à la traque d'échanges entre terroristes cachés dans des pages Web anodines, tout élément d'analyse de la sphère publique, sociale et économique peut être utile.

On se souvient du rachat en 2004 d'Arisem, éditeur français de tels logiciels alors en grande difficulté financière, par le Groupe Thales, qui en était un important client. A l'époque, une influence des pouvoirs publics, soucieux de conserver dans l'hexagone une compétence technologique poussée et d'éviter qu'un des fleurons nationaux de la défense ne se fournisse auprès d'acteurs américains, avait été fortement évoquée.

On ne présente plus ECHELON, qui est certainement le plus vaste système de veille au monde, sur un spectre très large de médias et canaux (ECHELON ne relève pas de l'OSINT, c'est entendu).

Pour mon usage personnel très limité, je me contente pour le moment d'alertes Google sur quelques termes ciblés, ça marche déjà pas si mal que ça. Mais il existe des solutions à faible coût voire gratuites plus perfectionnées.

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mardi 17 mars 2009

France et OTAN : ne pas oublier l'aspect industriel et technologique

A l'heure où j'écris ces lignes, le débat et le vote n'ont pas encore eu lieu à l'Assemblée Nationale, mais le retour de la France au sein du commandement intégré de l'OTAN ne fait plus vraiment l'ombre d'un doute, à moins d'un retournement spectaculaire et inattendu.

Ces dernières semaines, les médias (presse, TV, radio, Web) ont vu fleurir les principaux arguments pour et contre cette réintégration : alignement sur les États-Unis, indépendance militaire, construction de l'Europe de la Défense, influence au sein de l'Alliance, image dans le monde...autant de points sur lesquels on a vu hommes et femmes politiques, analystes, journalistes ou chercheurs ferrailler.

Cependant, la dimension industrielle (ainsi que, de façon connexe, technologique) a quant à elle été peu évoquée. Certes, par rapport aux aspects géopolitiques et géostratégiques, elle peut paraître secondaire, mais est-il possible d'envisager la construction d'une défense sans R&D ni industrie ?

Quelques questions que j'aurais aimé voir un peu plus débattues :

  • Quelles opportunités de nouveaux marchés cette réintégration présente-t-elle pour les industriels français (notamment auprès de ceux qui achètent quasiment exclusivement américain car ils sont membres actuels de l'OTAN ou souhaitant le devenir) ?
  • Y a-t-il un risque sur les marchés nationaux qui traditionnellement comptent sur un non alignement français sur les États-Unis ?
  • Sur le marché domestique français, cela augure-t-il de plus d'opportunités pour les industriels américains ?
  • En termes de gammes de produits et de technologies, quelle influence sur l'importance des standards OTAN VS les "standards" français ?
  • Concernant la RMA, le NCW et autres EBO, quels effets de part et d'autre de l'Atlantique, du fait des divergences existantes dans l'interprétation, l'importance accordée et la mise en oeuvre des concepts (effets potentiels à attendre naturellement plutôt de notre côté de l'Océan) ?
  • Quel impact sur les efforts de l'Agence Européenne de Défense (AED, élément de la PESC, pilier de l'UE) qui, au travers de sa mission de soutien au développement des capacités militaires de l'Union, vise à favoriser l'émergence d'une réelle coopération européenne ?
  • Quelles conséquences sur l'indépendance technologique (notamment au travers des grandes orientations R&D) de la défense française et européenne ?
Évidemment, cela intéresse peut-être moins le grand public qu'un débat sur l'interprétation de l'article 5 de la charte de l'OTAN, mais ça n'en reste pas moins crucial (ne serait-ce que pour en conclure que les impacts sont somme toute assez minimes).

EDIT : en ce mardi soir le Parlement a validé le retour de la France dans le Commandement Intégré de l'OTAN (quel fut l'effet du recours au 49-1 ?)

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lundi 16 mars 2009

[Le blog de la semaine] : EGEA

EGEA : au premier abord, ce terme évoque pour moi un nom catalan. Cependant il n'en est rien ici, puisqu'il s'agit du blog d'Olivier Kempf, prof à Sciences-Po et spécialiste de l'OTAN.

EGEA est l'acronyme de Études Géopolitiques Européennes et Atlantiques (au sens de "Outre-Atlantiques").

Membre fondateur de l'Alliance Géostratégique, il s'agit là réellement d'un blog dans toute la dimension Web 2.0 du terme : billets quotidiens et synthétiques, commentaires ouverts, grande réactivité aux sujets d'actualité...sur une plate-forme Open Source, Dotclear, que je ne connaissais pas mais qui semble offrir plus de possibilités aux non informaticiens que Blogspot sur laquelle je suis actuellement.

Son inclinaison est naturellement géopolitique, avec notamment toute une réflexion sur le terme en lui-même. Et des incursions sur des thèmes connexes, comme la religion, la littérature ou même...la fiscalité.

A ce que j'ai pu en juger, il est très fréquenté : le nombre de visiteurs de mon propre blog a connu un pic le jour où il m'a fait l'honneur de le mentionner.

En bref, un blog à suivre, notamment en cette période où son sujet fétiche, l'OTAN, fait la Une.

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dimanche 15 mars 2009

La technologie n'est pas l'alpha et l'omega de l'action militaire

Le Ministre de la Défense français, Hervé Morin, a déclaré aujourd'hui sur Europe 1, à la suite du décès d'un militaire français en Afghanistan :

La technologie ne règlera pas tout
La suprématie technologique, notamment à l'heure de la société de l'information, est un sujet fréquemment abordé sur mon blog. Tout comme le sont la Revolution in Military Affairs et le Network Centric Warfare, concept issus de la doctrine militaire américaine et mettant en avant, parfois de façon excessive (notamment dans leur interprétation et concrétisation outre-atlantique), la toute-puissance de la technique.

Cependant, et particulièrement dans un contexte asymétrique de guérilla comme celui de la guerre en Afghanistan, la phrase d'Hervé Morin prend tout son sens. La technologie, n'en déplaise à certains analystes et industriels, n'a de valeur que lorsque elle est au service d'une politique (y compris dans ses dimensions purement humaines et sociales), d'une stratégie militaire et d'une doctrine d'emploi clairement définies et adéquates. On peut noter ici un parallèle avec le fonctionnement d'une entreprise, pour laquelle la technologie, principalement celle mise en oeuvre au sein de son système d'information, doit impérativement être alignée avec la stratégie, et non pas simplement exister pour elle-même, au risque d'être reléguée au rang de gadget, coûteux et souvent contre-productif.

Certes, comme je l'ai lu autrefois dans un ouvrage consacré aux choses de la défense (je cite de mémoire, n'ayant plus en tête la référence exacte)
L'espace des possibles étend l'espace des souhaitables
Ceci a toujours été vrai dans l'histoire militaire, qu'il s'agisse de la poudre à canon, de l'aéronef, des ondes radio, de la fusée, du nucléaire ou de l'ordinateur : de nombreuses avancées technologiques ont permis et poussé des modifications de doctrine ; et plus concrètement, ont fait basculer l'issue de nombreuses batailles et guerres. Cependant il faut se méfier des promesses trop belles pour être vraies. Ceci s'applique également dans le cas des méga-programmes de défense aux coûts démentiels, dont on a vu récemment, en France et aux États-Unis, qu'ils accusaient souvent de graves lacunes.

Il convient de toujours garder à l'esprit la célèbre phrase de Winston Churchill :
If you give us the tools, we'll do the job
Phrase qui exprime l'importance de la technologie et des équipements, qui comptent souvent au rang des conditions nécessaires, mais aussi et surtout la primauté de la volonté politique, à même de mobiliser l'ensemble des composantes de la palette des moyens permettant la victoire : action militaire, diplomatie, économie...

Pour en revenir à l'Afghanistan, l'administration Obama a reconnu que la situation était en train de tourner à l'échec pour les États-Unis et leurs alliés, et qu'il fallait envisager de sortir d'une optique purement militaire pour étudier les possibilités de négociations dans un objectif de "réconciliation nationale".

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mardi 10 mars 2009

[Le blog de la semaine] : Alliance Géostratégique

Cette semaine (en fait je triche, j'écris par anticipation, là je suis au ski), je reviens sur un petit évènement dans la blogosphère de défense francophone.

Le 1er mars a en effet été créé le portail Alliance Géostratégique, qui regroupe sur une plateforme 14 blogs dont certains déjà cités ici (Le Front Asymétrique, Athéna et Moi), dont les auteurs ont des profils et donc des sujets d'intérêt complémentaires (ainsi que des niveaux de notoriété différents !), et conservent toute leur indépendance.

L'objectif affiché est de tisser un lien entre les blogs mais également de pousser vers la communauté des internautes une production de points de vue, actualités et analyses supérieure à celle de la plupart des instituts "officiels". Ceci afin de promouvoir la pensée géostratégique française.

Une initiative à saluer, largement relayée par les blogs de défense francophones, et à suivre !

La liste des blogs fondateurs de l'Alliance (il y a bien évidemment de fortes chances que je revienne plus en profondeur sur chacun d'entre eux dans un futur proche) :


PS: belle dégringolade pour moi dans le classement mensuel des blogs de Wikio. En partie justifié car je ne suis pas un spécialiste des références d'autres bloggers (d'ailleurs une petite recherche rapide montre que la plate-forme n'est pas tendre avec les blogs de défense : article à suivre). Merci à mes lecteurs (de plus en plus nombreux, c'est ce qui compte vraiment !), et même à ceux qui arrivent par ici en cherchant des infos sur l'organisation tactique d'une équipe de foot !

Allez hop, à la semaine prochaine !

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jeudi 5 mars 2009

Obama veut mettre les industriels de la défense au pain sec et à l'eau (enfin presque)

Obama souhaite faire des économies dans les dépenses publiques des Etas-Unis (après tout, il a hérité d'un déficit de 1300 milliards de dollars), et cela semble passer par quelques remises en cause des contrats passés avec les industriels de la défense :

The days of giving defense contractors a blank check are over
Il faut dire que le budget militaire américain représente environ la moitié des dépenses de défense mondiales, soit autour de 500 milliards de dollars, après un quasi doublement sous la double mandature de G.W. Bush. Une somme que se partagent largement les géants Boeing, Raytheon, Lockheed Martin, General Dynamics, ainsi que des sociétés privés de services comme Halliburton ou de sécurité comme Blackwater, sans oublier une quantité impressionnante de moyennes (plus que petites) entreprises mais aussi des instituts universitaires.

Que propose Obama ? Rien de moins que de revoir le processus de contractualisation et d'appel d'offres, afin d'éviter à la fois les contrats inutiles mais aussi les propositions commerciales indécentes (les histoires de tournevis facturés 200$ ne sont pas des légendes !).
Un exemple de projet superflu qui va en faire les frais est le renouvellement de la flotte d'hélicoptères présidentiels par Lockheed.

Bien sûr les industriels susnommés précisent qu'ils ont toujours respecté les règles et joué le jeu honnêtement, en faisant les meilleures offres possibles et en mettant tous les moyens pour assurer des prestations efficaces et efficientes.

Des critiques s'élèvent également pour signifier qu'en cette période de crise et de "guerre contre le terrorisme" l'idée de réduire les dépenses publiques de défense est malvenue. Après tout, comme j'en parlais récemment, la défense est un domaine relativement décorrelé de la crise. Mais Obama se veut ferme :
We are spending money on things we don't need and we are paying more than we need to pay and that is completely unacceptable. I reject the false choice between securing this nation and wasting billions of taxpayers' dollars
Un audit public portant sur 95 programmes en 2008 a révélé des dépassements d'un total de 295 milliards de dollars !

Selon quelles modalités cela va-t-il se faire ?
  • Une réinternalisation (icônoclaste en cette époque d'outsourcing made in RGPP !) de certaines activités
  • Une plus grande ouverture aux petites entreprises
  • La suppression des contrats sans appel d'offres, sources naturelles de prix forts (et parfois de copinage et de conflits d'intérêts)
  • Un meilleur suivi des dépenses, et notamment de la performance des sous-traitants
  • Une plus grande sélectivité en matière de grands programmes (des arbitrages sont attendus au vu des coûts engendrés par ailleurs par les guerres d'Irak et surtout d'Afghanistan)
Obama a fixé son administration le mois de septembre 2009 comme échéance pour la mise en place du nouveau système censé être plus vertueux, et devant permettre des économies de plusieurs milliards de dollars annuels.

En attendant, Boeing a déclaré qu'il s'engageait, comme toujours, à assurer "the very best value for the taxpayer".

De mon côté, je pars au ski et vous dis donc à dans une dizaine de jours. Rompez !

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mercredi 4 mars 2009

[Le blog de la semaine] : Historicoblog (2)

Pas à proprement parler un blog consacré à la défense, Historicoblog (2) est l'oeuvre de Stéphane Mantoux, apprenti-historien comme il se définit lui-même. Je vous laisse découvrir le pourquoi du "(2)".

Très tourné vers l'histoire militaire, il propose de nombreux articles très fouillés (dont des reprises d'autres sites Web mais également des analyses personnelles) ainsi que des fiches de lectures mais aussi des revues de jeux vidéos, de BD et de films (ce à quoi j'aimerais arriver de façon un peu moins ponctuelle), et même des digests de la revue Champs de Bataille. Il offre également de très nombreux pointeurs vers des sources plus ou moins spécialisées.

Un blog très bien construit, mis à jour très régulièrement, avec énormément d'images, infographies et vidéos illustratives...formellement c'est vraiment très abouti, et on sent évidemment la passion derrière un tel investissement ! Et d'ailleurs les internautes s'en aperçoivent si l'on en croit les commentaires et les chiffres de fréquentations.

Bien sûr, Historicoblog (2) évolue à la frontière du blog et du site "Web 1.0", au vu de la longueur et du niveau de détail de la plupart des posts...plutôt une lecture de chevet qu'un widget Netvibes que l'on survole le matin en arrivant au bureau !

PS : elle a pas l'air mal la plateforme unblog.fr

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mardi 3 mars 2009

Match de ping-pong autour du bouclier antimissile américain

J'en parlais il y a un mois, l'administration Obama était partie sur de nouvelles bases sur le dossier du bouclier antimissile et notamment de ses implantations européennes, en Pologne et République Tchèque.

La presse internationale (dont le New York Times et Kommersant) a annoncé hier que le président américain aurait fait une proposition à son homologue russe consistant à arrêter le projet si ce dernier apportait une aide sur le dossier du nucléaire iranien. Un échange de bons procédés en somme, d'autant qu'officiellement c'est bien pour se protéger des (potentiels) missiles balistiques du régime des mollahs, et non de ceux de son allié traditionnel russe, que le bouclier est censé être mis en oeuvre.

Hillary Clinton, la Secrétaire d'Etat, l'a d'ailleurs réaffirmé lors d'une allocution à Tel Aviv :

Concernant l'ABM [Anti Ballistic Missile - NdJGP] en Europe, nous avons toujours affirmé qu'il visait à intercepter des missiles susceptibles d'être tirés depuis l'Iran. Telle était notre position par le passé, et elle reste inchangée
Bien sûr, on l'a dit et redit, la Russie voit ce bouclier comme une menace à sa propre sécurité. Et Medvedev s'est empressé de nier avoir reçu une telle offre d'Obama. Tout en reconnaissant que des contacts étaient en cours et que la volonté de dialogue des Etats-Unis sur le sujet constituait un pas dans le bon sens.

Mais pour la diplomatie russe, au moins en public, l'Iran et le bouclier sont deux sujets devant être traités de façon disjointe. Par contre, la Russie a répété qu'elle était prête à stopper le déploiement de ses Iskander (qui au vu de leur portée menaceraient directement, depuis l'enclave de Kaliningrad, une grosse partie du territoire polonais : voir l'infographie de RIA Novosti), si Washington y renonçait.

Tout ça alors que Robert Gates, ministre de la défense US, a minimisé la menace iranienne à court terme sur le plateau de Meet the Press sur NBC...
Ils sont loin d'avoir un arsenal, ils sont loin d'avoir une seule arme à ce stade, et donc il reste du temps
...juste après une affirmation contraire d'Hervé Morin, son homologue français (qui reprenait le point de vue de l'amiral américain Mullen) :
La date à laquelle Téhéran sera capable de franchir le seuil nucléaire militaire est plus proche que ce que nous pensions il y a encore un an quand nous évoquions l'échéance de 2011
Pendant ce temps, Téhéran dément :
Toutes ces déclarations concernant la production d'une bombe nucléaire sont dénuées de fondements. C'est sans fondement d'un point de vue technique et cela s'assimile à de la propagande.
Et ElBaradei, chef de l'AIEA, appelle comme d'habitude à débloquer la situation.

Lier deux gros morceaux dans un seul dossier, essayer de faire bouger les lignes d'alliances habituelles et pousser la Russie à s'exposer en tant que médiateur : le premier mouvement d'envergure à l'international du nouveau président américain, dans un tel contexte, est certes audacieux, mais un succès pourrait avoir des répercussions énormes sur l'image des Etats-Unis dans le monde, notamment en Europe et en Russie.

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