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vendredi 25 juillet 2008

Secteur défense : compter avec la Russie

Ces derniers jours, le Venezuela a annoncé de nouveaux achats de matériel militaire auprès de fournisseurs russes, provoquant l’inquiétude des Etats-Unis et du Brésil notamment. Pourtant, rien de bien neuf sous le soleil…

La Russie, même si elle a perdu de la puissance par rapport à sa grande période pendant la Guerre Froide, est restée depuis un acteur majeur du marché de l’armement, avec des exportations estimées à environ 6 milliards de dollars, soit le 3ème rang mondial. A titre de comparaison :

  • les USA, au 1er rang mondial, exportent entre 10 et 20 milliards de dollars par an (une paille par rapport à leur marché intérieur de 400 milliards)
  • le Royaume-Uni, 2ème, vend à l’étranger pour 7 milliards de livres
  • la France, juste derrière la Russie (ou devant, selon les années), exporte annuellement autour de 4-5 milliards d’euros

Les premiers clients des Russes sont bien entendu la Chine et l’Inde, mais une stratégie d’extension des débouchés est en cours, notamment auprès de l’Algérie, et donc du Venezuela (série de contrats d’une valeur totale de plusieurs milliards de dollars depuis 2002). Ces deux derniers pays représentent près de 30% du carnet de commandes.

Que vendent les industriels russes de l’armement ? Principalement des avions (Mig et Sukhoï) ainsi que du matériel naval et des sous-marins, mais aussi des systèmes de missiles anti-aériens.

Bien sûr, la Russie ne doit pas seulement sa puissance commerciale dans le secteur défense à une technologie de pointe ou à une gamme révolutionnaire de produits. L’aspect politique est en effet primordial, et le retour de la Russie au premier plan diplomatique, sous l’impulsion de son ancien Président (et actuel Premier Ministre) Vladimir Poutine, n’y est pas pour rien.

Un des enjeux majeurs pour l’industrie de défense russe est de définir un positionnement clair et circonscrit. De même que l’UE, et contrairement aux USA (du moins tant que leur budget militaire aura cette importance), la Russie ne peut être présente sur tous les fronts (technologiques et business), et ne peut pas non plus multiplier les plates-formes de différentes classes sur un même segment (par exemple, les sous-marins).

Je vois trois questions capitales pour elle à moyen terme :

  • Etudier l’opportunité de refaire son retard sur les domaines portés par les nouvelles doctrines militaires (NCW, prédominance de l’aérien) : communications, systèmes d’informations, missiles de frappe air-sol. Bref, faire un peu moins de plates-formes et plus de systèmes et « systèmes de systèmes ».

  • Bien réfléchir sur l’intérêt de mener à son terme le projet d’avion de chasse russe de cinquième génération, confié à Sukhoï, et qui peut engloutir des sommes colossales. Sur ce sujet les considérations politiques se mêlent aux aspects commerciaux : y a-t-il la place pour un avion de chasse non américain et non européen ? Est-il acceptable que des pays moins puissants, considérés comme potentiellement « hostiles » par Moscou (Pologne, Pakistan…) possèdent des chasseurs plus avancés que l’armée de l’air russe ?

  • En lien avec le point précédent, analyser les liens entre exportations et menaces possibles contre la Russie, notamment en ce qui concerne la Chine.

Tout ceci bien sûr dans un contexte global de concurrence renforcée, avec un équilibre à trouver entre avantage concurrentiel lié intrinsèquement à l’offre russe et aspects purement politiques / diplomatiques.

Sur ce, je pars en permission, et serai de retour courant du mois d’août.

Bonnes vacances à tous !

Repos !

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